[Faits Divers] Un pêcheur confondu avec un passeur de drogue

SAINTE-ROSE. Il y a quelques mois, un habitant a eu la surprise de tomber nez à nez en pleine nuit avec des trafiquants mauriciens alors qu’il pêchait à la ligne sur la côte. Ces derniers l’avaient confondu avec leur passeur.

Rocambolesque, l’histoire s’est déroulée en février et semble prouver que les trafics entre Maurice et La Réunion ont la vie belle alors qu’un hors-bord a fait naufrage jeudi à Saint-André.

En novembre 2016, on se souvient qu’une saisie record d’héroïne avait été opérée par les douanes et les gendarmes de la section de recherches de Saint-Denis. En juin 2019, six trafiquants de zamal avaient été interpellés à l’Anse des Cascades avec pas moins de 142 kilos de zamal destinés à être revendus sur l’île sœur. Début juin, c’est un nouvel échange qui a tourné court après que des pêcheurs aient mis en fuite sans le savoir un bateau de trafiquants qui s’approchait tous feux éteints du port de Sainte-Rose. Les pêcheurs pensaient que le bateau était en difficulté (notre édition du 4 juin). Ce n’est pas la première fois que des pêcheurs à la ligne se retrouvent face à des trafiquants.

Début février, Laurent (*) s’est lui retrouvé carrément face à face avec eux. Un témoignage que le jeune sainte-rosien nous avait confié il y a quelques mois mais que nous avions conservé à la demande des gendarmes pour ne pas compromettre l’enquête, close désormais. Si aujourd’hui, il préfère ne plus y penser, il était marqué lors de notre rencontre. Il y a de quoi.

“ENVOIE LA CORDE !”

Quelques jours auparavant, alors qu’il pêchait une fois la nuit tombée à l’extrémité de la coulée 77, il aperçoit au loin une forme ressemblant à une sorte de hors-bord mais dont toutes les lumières sont éteintes, qui se rapproche inexorablement de lui jusqu’à arriver à son niveau. A bord, plusieurs hommes avec un accent mauricien lui demandent de leur “jeter la corde“. “Quelle corde, je n’ai pas de corde ?”, répond surpris le jeune pêcheur se demandant bien le but de la manœuvre.

Également surpris, les Mauriciens lui demandent d’appeler un GSM de La Réunion ! “C’est ce que j’ai fait et au bout du fil, j’ai eu un homme qui m’a dit qu’ils s’étaient trompés et qu’ils les attendaient à l’Anse des Cascades“, située à quelques kilomètres de là. L’homme rajoute au Réunionnais de garder la discussion secrète et de n’en parler à personne.

S’il fait nuit, notre interlocuteur distingue à bord “plusieurs gros paquets qui étaient emballés dans du plastique“. Après quelques minutes, le bateau repart vers l’Anse des Cascades où la transaction n’aura également pas lieu selon nos informations. “Comme j’allume et j’éteins ma lampe torche pour attirer les poissons, c’est ça qui a dû leur faire penser que j’étais leur contact“, commente le jeune homme. Le genre de rencontre qui ne s’oublie pas et qui pourrait bien se reproduire de nouveau si l’on en croit la fréquence des échanges entre les deux îles…

P.M.