[Faits Divers] Pensions marrons : le préfet rappelle leurs responsabilités aux maires

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Le sujet explosif et particulièrement embarrassant des pensions marrons de l’île s’est invité à la dernière audioconférence entre le préfet et les maires de l’île. Le représentant de l’Etat a rappelé aux élus leurs responsabilités en matière de sécurité incendie. Le cas de la pension Naze illustre bien des errements.

Une délégation de l’ARS et du Département débarquant un samedi en fin d’après-midi, week-end de Pentecôte, dans une pension marron de Saint-François pour signifier à ses gérants qu’ils sont placés sous tutelle : l’épisode est révélateur d’un réel affolement et d’une prise de conscience très tardive. Sinon comment interpréter cette décision d’intervenir en urgence alors que la situation était connue de ces institutions, au moins par le biais des publications du Journal de l’Ile depuis le 9 mai dernier.

 

Le cas de la pension Naze illustre presque caricaturalement cette gestion de crise non maîtrisée sur un dossier qui dérange tout le monde. Et qui, à force d’attendre, semble effrayer l’ARS et le Département. Car il s’agit de reloger en urgence des personnes aux ressources très limitées dont certaines risquent de se retrouver à la rue en cas de fermeture de ces pensions.

 

Le scandale généré a le mérite d’engendrer la réaction des pouvoirs publics. Lors d’une audioconférence mardi dernier avec les maires de La Réunion, le préfet Jacques Billant a donc mis les pieds dans le plat en lançant que “tous doivent travailler ardemment pour résoudre cette problématique”. Silencieux sur ce sujet, les maires n’ignorent pourtant pas grand chose de la réalité de ces pensions. Les élus savent parfaitement qu’il s’agit d’un système de santé parallèle et bien commode pour pallier le manque de structures d’accueil pour les personnes âgées, les personnes dépendantes et les indigents.

 

LE TEMPS EST À L’ACTION

 

Signe évident de cette impuissance à gérer le sujet, beaucoup d’élus au Département ou dans les mairies croient surtout aux vertus d’une étude sur le sujet. C’est le cas notamment de Daniel Gonthier ou encore de Maurice Gironcel qui réclament “une vraie réflexion”. Paradoxalement, tous admettent que cela fait des années que le sujet aurait dû être traité. Même Nassimah Dindar, présidente du Département pendant treize ans et qui n’a pas vraiment inversé le cours des choses dans ce domaine, est forcée de reconnaître qu’il est temps “d’arrêter de nous raconter à nous-mêmes des histoires”.

 

Toujours très diplomate avec les élus, le préfet l’a donc rappelé de façon courtoise aux maires tout en insistant : il est temps d’agir. Autrement dit, d’arrêter de faire semblant sur le sujet en se réfugiant derrière des audits. L’ARS et le Département ont des compétences dans le médico-social. L’Etat et les communes s’occupent du volet sécurité incendie pour ces pensions qui appartiennent à la catégorie des établissements recevant du public (ERP). Ce qui implique qu’elles doivent respecter un catalogue de normes. « Un domaine non négociable », a bien souligné le préfet face à certains élus qui trouvent que le cadre juridique est très exigeant.

 

Les maires expliquent en substance qu’il n’est pas si simple de trouver un bon compromis entre la « réglementation » et son application avec « humanité ». Mais le temps de la tolérance, des faux-fuyants et du bricolage sanitaire semble être révolu.  « Il y aura des fermetures au titre de la réglementation incendie et des établissements recevant du public », a annoncé le préfet au sujet des pensions marrons qui ne pourront pas faire l’objet de régularisation. Le représentant de l’Etat a bien pris le soin d’avertir les maires qui portent « tout comme le préfet une responsabilité en matière de réglementation incendie ». Il n’est toutefois pas entré en détails sur les risques de poursuites pénales.

 

LA PENSION NAZE SYMBOLE DE TOUS LES ERREMENTS INSTITUTIONNELS

 

Le cas de la pension Naze constitue l’exemple le plus flagrant de tous les errements et dysfonctionnements qui apparaissent au grand jour. Sous pression, l’ARS et le Département ont fini par envoyer une délégation à Saint-François annonçant aux gérants une décision de mise sous tutelle en raison des « conditions d’accueil et de prise en charge profondément inadaptées » aux besoins de nombreux résidents. Cette pension avait pourtant fait l’objet de deux visites de l’ARS en 2015 et 2017 qui n’avaient étrangement pas abouti aux mêmes conclusions.

 

Le JIR a révélé aussi qu’en février 2018, la commission de sécurité qui avait visité la pension Naze avait émis un avis défavorable à la poursuite de l’activité de cette structure. En cas d’incendie dans les locaux, la configuration des lieux et les constats effectués sur place indiquent que les conséquences auraient été catastrophiques.

 

Pendant plus de deux ans, la pension Naze a malgré tout continué à accueillir des gramounes, des malades, des psychotiques, des SDF dirigés vers ce lieu par les différents services sociaux de l’île dépassés par le manque de places dans d’autres structures. Malgré cet avis défavorable signifiant que les résidents se trouvent dans une situation dangereuse, la mairie de Saint-Denis n’a jamais pris d’arrêté de fermeture, comme il relève de son pouvoir de police administrative.

 

A-t-elle aujourd’hui pris la mesure de ses lacunes dans la gestion de cette pension ? La commune de Saint-Denis n’était pas représentée à cette audioconférence de l’association des maires de la Réunion.

 

Jérôme Talpin

[email protected]

 

légende : La délégation de l’ARS quittant la pension Naze samedi soir à Saint-François. Photo : Stephan Laï-Yu.

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