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“Tolère les traces.” Trois mots qu’une institutrice, condamnée à du sursis mardi dans le Rhône, dit avoir mal interprétés en autorisant un de ses élèves, allergique au lait, à manger des crêpes lors d’une célébration de Carnaval. Il en était mort peu après.
Le petit garçon d’origine réunionnaise âgé de 6 ans, également asthmatique, avait pourtant fait l’objet d’un projet d’accueil individualisé (PAI) spécifiant ses troubles de santé et les consignes à suivre en cas de problème.
La portée de ce document écrit, conservé dans la classe, a été au cœur du procès de Danielle Dampfhoffer, 59 ans, poursuivie pour homicide involontaire devant le tribunal correctionnel de Villefranche-sur-Saône.
Le 29 mars 2018 en fin d’après-midi, Jahden, scolarisé en grande section de maternelle dans une école de Limas (Rhône), été victime d’un choc anaphylactique fatal alors qu’il rentrait chez lui à pied avec sa mère.
L’établissement fêtait Carnaval ce jour-là et, après un défilé, les élèves devaient manger des crêpes préparées le matin, avec du lait, par les agents de l’établissement.
À la barre, l’enseignante relate avoir tiqué quand Jahden a demandé sa part. “Tu ne dois pas en manger”, lui aurait-elle dit. A quoi l’enfant aurait répondu: “si, j’en mange chez moi” – des crêpes à l’eau, apprendra l’institutrice plus tard.
Pour l’heure, elle hésite puis lui en donne deux, refusant qu’il en mange davantage – les autres élèves en ont pris “sept ou huit”.
La réaction allergique est rapide. Jahden se met à tousser et réclame son bronchodilatateur, “comme souvent”. Plusieurs bouffées lui sont administrées.
La mère est prévenue quand elle vient chercher son fils. Elle prend le chemin de la maison avec lui, son état se dégrade rapidement, il est victime d’un malaise, les secours sont prévenus mais Jahden meurt à l’hôpital.
– Les “traces” de lait –
“Est-ce qu’on peut facilement faire la différence entre les premiers symptômes de l’allergie et ceux de l’asthme?”, a demandé durant l’audience Me Frédéric Lalliard, avocat de la prévenue.
“Non”, a répondu l’expert médical du dossier. “Initialement, rien ne permettait à un non-médecin de déceler un choc anaphylactique. Les manifestations cutanées sont venues quand la victime était avec sa mère.”
Mais pour l’accusation, la faute n’est pas là.
“On ne lui reproche pas de ne pas avoir utilisé le stylo d’injection d’adrénaline (contenu dans une trousse d’urgence présente dans la classe, ndlr) mais d’avoir donné un aliment interdit à l’enfant”, a souligné le procureur Sylvain Cordesse.
“Le PAI sert, précisément, à faire en sorte que des personnes qui ne sont pas des médecins sachent, en premier lieu, ce qu’elles ne doivent pas faire (…). A la lecture de ce PAI, celle qui avait la garde de l’enfant aurait dû être alertée”, a insisté le magistrat en requérant huit mois de prison avec sursis.
“Je veux que justice soit rendue à mon fils. Elle savait très bien pour son allergie”, a abondé la mère de Jahden, en pleurs à la barre.
“Des regrets, j’en ai tous les jours. Je me sens tellement coupable”, a glissé la prévenue, sanglotant elle aussi. Tout en martelant qu’à l’époque, elle n’était pas suffisamment informée des dangers encourus par la victime.
“On n’a pas eu de réunion formelle, autour d’une table, pour parler du PAI. L’infirmière me l’a expliqué vaguement comme ça”, a relevé Mme Dampfhoffer.
“L’erreur, elle vient d’ailleurs. Elle vient de ce PAI qui dit que l’enfant +tolère les traces+ de lait. Il aurait été tellement plus simple de dire que c’était totalement interdit!”, a plaidé Me Lalliard.
L’argument n’a convaincu ni la partie civile – la recette classique des crêpes contient plus que des “traces” de lait, a fait remarquer Me Caroline Cauzit – ni le tribunal qui a condamné l’enseignante, déjà sanctionnée administrativement, à 12 mois de prison avec sursis. La peine encourue était de trois ans ferme.
© Agence France-Presse
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