[Faits Divers] Les acteurs de la filière métropolitaine plombent la défense du caïd du Chaudron

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SAINT-DENIS. Hier, le tribunal a décortiqué les écoutes téléphoniques et les aveux des membres de la filière d’importation de la drogue. Yohan Isana, 31 ans, son épouse et ses fournisseurs ont confirmé du bout des lèvres l’implication de Wilson Titus qui fait figure de petit parrain de la drogue.

Hier, tout au long de la première journée d’audience, Wilson Titus, 44 ans, a assisté en spectateur au procès dont il est la tête d’affiche (notre précédente édition). La présidente du tribunal correctionnel, qui mène les débats de main de maître, a manifestement fait le choix de passer le caïd du Chaudron à la question à la fin des débats. D’ici là, Caroline Meunier aura achevé de décortiquer et de recouper les écoutes téléphoniques épaisses comme le bottin de la Poste, les déclarations des 14 autres prévenus devant les policiers et le juge d’instruction, celles des seconds couteaux et des témoins privilégiés du trafic, comme les consommateurs par exemple.

Pas très grand mais trapu avec des bras comme des cuisses, Wilson Titus est donc resté silencieux dans son box à observer la brochette de prévenus, présente à l’audience. Il n’a pas semblé perdre une miette des débats, même s’il regardait parfois ses pieds. Le premier à s’avancer à la barre est Thomas Daride, alias « Tomtom ». Ce Réunionnais de 28 ans reconnaît avoir envoyé « entre 10 et 20 colis de 5 à 10 grammes de cocaïne » depuis Montpellier pour alimenter la filière de son ami Yohan Isana, gros revendeur Saint-Andréen de 31 ans.

Le petit manège cesse en janvier 2018 quand « Tomtom » tombe entre les mains de la brigade des stup de Paris avec 57 grammes de cocaïne destinés à Yohan Isana et son obligé, Wilson Titus. Ces derniers enregistrent une perte sèche de 10 000 euros. « Vous saviez qu’il s’agissait d’un trafic de stupéfiants ? », interroge la présidente Meunier. « Je savais que Isana et Titus étaient ensemble », acquiesce « Tomtom » du bout des lèvres. Wilson Titus l’écoute avec une mine boudeuse.

 

 

« LES REFERENCES DES COLIS A ECARTER »

 

Thomas Daride hors circuit, il reste à Yohan Isana un autre fournisseur en la personne de Brice Latour, alias le fantôme. Les envois de colis postaux continuent jusqu’à ce que le Nantais soit arrêté à son tour. Face aux policiers de la PJ de Nantes, il avoue avoir acheté 3 kilos de cocaïne et d’ecstasy en provenance de Hollande pour les acheminer à La Réunion via des mules. Il parle d’un bénéfice personnel de 115 000 euros. Et écope de cinq ans ferme en août 2019 à Nantes. Deux autres fournisseurs prendront son relais par colis postaux à sa suite.

Décidément bien organisé, Yohan Isana dispose d’un complice au centre de tri. Julien Tortillard, alias « Tortue », est chauffeur-livreur entant que prestataire pour Chronopost. Consommateur de cannabis et ami d’enfance, « Tortue » , 28 ans, accepte de rendre service à Yohan Isana. « Je recevais les références des colis à écarter et je les remettais à Isana », reconnait-il. Les choses se gâtent quand un grain de sable enraye la mécanique en février 2018.

Les douanes font une descente au centre de tri et interceptent trois colis chargés de 200 grammes de cocaïne. De la drogue que Yohan Isana et son épouse Faazilah, 31 ans, ont posté eux-même au cours d’un passage en métropole. A partir de là, Yohan Isana et Julien Tortillard s’affolent au téléphone sans savoir que les policiers sont à l’autre bout. Le premier est vert de rage d’avoir encore perdu de la marchandise. Surtout, il semble lui-même sous pression. Car un autre homme veut des explications à cette disparition soudaine.

 

 

« ILS ME METTAIENT LA PRESSION »

 

Il me disait que « son grand frère voulait prendre contact avec moi pour avoir des explications », raconte « Tortue » à la barre. Et d’ajouter : « Ils me mettaient la pression. » Le grand frère, tout le monde se doute qu’il s’agit Wilson Titus, alias « fréro » ou « dada » pour les intimes du trafic de drogue. D’ailleurs, les écoutes confirment que le portable du caïd du Chaudron chauffe dans les jours suivant la saisie douanière.

La présidente Caroline Meunier fait une lecture approfondie des coups de fil entre les trois hommes. A Julien Tortillard, qui peine à mettre nommément en cause Titus, elle rafraîchit la mémoire : « Vous ne savez toujours pas qui est « fréro » ? Silence embarrassé. « C’est monsieur Titus », l’aide-t-elle. « Ben oui », confirme-t-il du bout des lèvres.

L’étau se resserre d’autant que Faazilah Soucranien, épouse de Yohan Isana, s’avance à la barre. Elle ne fait guère mystère du trafic auquel se livrait son mari. « Je voyais ce qui se passait. » Elle ne les connaissait pas hormis « Wilson Titus et Tomtom de vue ». « Vous savez quel type de relations ils entretenaient ? », interroge la présidente. « J’avais compris », avoue-t-elle à demi-mot. Elle reconnaît aussi son implication pour le règlement de la drogue par Western Union. « Entre 600 et 1 000 euros à chaque fois pendant sept à huit mois », minimise-t-elle comme les autres. « Vous avez transféré 12 700 euros vers la métropole en 2017 », corrige la présidente. « Je ne me rappelle pas les montants mais c’était pour de la drogue », poursuit Faazilah Soucramanien.

 

 

« IL FALLAIT REMBOURSER TITUS »

 

A propos des trois colis interceptés au centre de tri, il y en avait deux pour « fréro » et un pour Isana. « Votre mari devait de l’argent à Titus après la saisie des douanes… », fait remarquer la présidente. « Il fallait rembourser Titus », lâche-t-elle. Elle confirme encore que « Dada » et « Monsieur Titus » ne sont qu’une seule et même personne. « Monsieur Titus vous fait-il peur ? » « Pas personnellement », dit-elle. « Alors pourquoi ne pas dire son nom ? » « Je ne sais pas… », conclut l’épouse de Yohan Isana.

Ce dernier se dresse à son tour devant la barre. Il reconnaît le trafic de cocaïne sans ciller. A propos de la saisie des douanes, il peine à impliquer Wilson Titus. Il préfère parler « de plusieurs personnes ». « Il y avait M. Titus dedans ? », tente la présidente. « Je ne sais pas. » Grand et baraqué, Yohan Isana a la mémoire qui flanche dès que le nom de Wilson Titus est prononcé. « Combien M. Titus a-t-il mis ? » « Je ne peux pas savoir. » C’est pourtant lui qui parle sur les écoutes d’un « bon fréro à moi » qui a perdu « 4 000 » sur un total de 12 000 euros. Embarrassé, il préfère dire qu’il a « peut-être un peu trop parlé » au téléphone et dit « n’importe quoi ».

A l’époque, Yohan Isana semble terrorisé à l’idée que Wilson Titus pense qu’il lui a mis « une carotte ». Si bien qu’il dit sur les écoutes à propos de son ami Tortillard : « Je vais le tabasser. Je vais lui prendre sa voiture pour une semaine et il va comprendre », entre autres amabilités. « N’est-ce pas parce que l’argent investi par Titus était perdu et qu’il était dans le trafic ? », insiste la présidente Meunier. « Je ne suis plus… », annone Yohan Isanan en passant sa main sur son front comme pour effacer sa transpiration.

Aujourd’hui, l’épouse du boss du Chaudron, qui l’a chargé pendant l’enquête, son lieutenant Ludovic Robert, son frère « Bambi » et Wilson Titus en personne sont attendus à la barre. Entre aveux, mutisme, trous de mémoire et dénégations, les choses risquent de se corser…

 

Eric LAINE

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