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ASSISES. Alors que le ministère public avait requis la perpétuité contre les trois accusés de la séquestration fatale à Dédé Camalon, les jurés ont condamné Georges Loto et Sylvain Valentin à 20 ans de réclusion. Celui qui niait, Jean-René Moulouma, en prend 24.
Il a fallu plus de trois heures aux jurés de la cour d’assises de la Réunion pour aboutir à un verdict consensuel. Trois longues heures de délibérations, alors que la peine maximale avait été requise contre les trois hommes accusés d’avoir causé la mort d’André Camalon, 76 ans, au cours du cambriolage avec séquestration commis à son domicile de Petit-Saint-Pierre la nuit du 15 avril 2017.
Une “nuit d’horreur” a nouveau relatée hier par l’avocat de la famille Camalon, dénonçant “le déchainement de violence” ayant entrainé l’agonie de la victime, morte sur son lit les pieds et les mains attachés dans le dos des suites des nombreux coups reçus au visage. “C’est toute une vie de labeur et de sacrifice qui s’est achevée dans la brutalité, au moment où Dédé allait enfin pouvoir profiter de ses vieux jours” rappelle Me Djalil Gangate, évoquant “une famille brisée” en pensant à Yvette, sa veuve traumatisée et encore “rongée par la culpabilité et la honte d’avoir été ligotée comme un animal”, ainsi qu’à leurs enfants et petits-enfants. “Ces deux vieilles personnes seules chez elles ne méritaient pas ça” martèle encore la partie civile, fustigeant le comportement de “trois délinquants chevronnés qui ont préparé leur coup, attendant de longues heures sous un manguier le moment propice à leur forfait.”
Pas de distinguo non plus entre les trois accusés du côté de l’avocate générale, qui les considère unis dans leur “leur volonté déterminée d’aller au bout de leur action.” Pour Bérengère Prud’homme, “il existe des éléments certains de leur implication à chacun”, depuis les préparatifs de l’agression jusqu’au partage du butin en passant par la commission des faits. “Le décès de M. Camalon est la conséquence de leurs actions à tous les trois, qui n’ont rien fait pour sauver la victime” appuie le ministère public.
“Des personnalités différentes”
En requérant la même peine pour les trois, elle ne décerne pas de prime à l’aveu pour Loto et Valentin, les deux seuls à avoir parlé : “En acceptant d’y aller, ils savaient forcément que la violence serait nécessaire.” Les dénégations véhémentes et les “explications sorties du chapeau” de Jean-René Moulouma ne l’ont pas convaincue pour autant, dès lors que “le couteau retrouvé sur les lieux avec son ADN et celui de la victime démontre sa participation”. À la différence des deux autres, elle réclame néanmoins une peine de sûreté de 18 ans contre le meneur de la bande.
Coup de massue pour la défense après trois jours passés à déterminer les rôles de chacun des accusés, ces réquisitions communes de perpétuité seront battues en brèche par les avocats. “Sylvain Valentin n’a pas le sang de Dédé Camalon sur les mains”, lance Me Ibrahim Akhoun. “Il y a des degrés d’implication différents et des personnalités différentes. Mon client n’était pas à la manœuvre, mais un suiveur qui a été dépassé par les événements.”
Avocat de Georges Loto, Me Julien Barraco met également en garde les jurés : “Vous ne pouvez pas juger dans la globalité si vous voulez approcher la vérité. Il y a trois personnalités différentes qui vont amener cette histoire. C’est justement parce que Loto est un pauvre type que Moulouma va l’embarquer dans cette affaire en lui faisant croire à un coup facile. Et par lâcheté, ce dernier n’a pas pu réagir face à la personnalité la plus forte quand tout a dérapé.”
Pointé comme l’instigateur et le meneur, l’intarissable Moulouma, s’était encore livré à une longue diatribe à la fin des débats pour clamer son innocence, évoquant son parcours de vie et puis sa tristesse pour la famille Camalon “des gens que j’estime comme ma famille.” Son avocat plaidera donc l’acquittement, considérant qu’“il n’y a aucune preuve tangible de l’implication de M. Moulouma dans cette affaire.”
“On n’a jamais retrouvé d’argent chez mon client malgré trois perquisitions. Et je le crois quand il dit que Loto lui a subtilisé le couteau retrouvé sur les lieux” lance Me Henri Moselle, présentant Jean-René Moulouma comme “le bon samaritain” que Loto aurait trahi en le dénonçant.
Pas de quoi convaincre les jurés, qui, sans suivre les réquisitions, n’en ont pas pour autant épargné Moulouma et son attitude consistant à nier les évidences avec grandiloquence. “Caracasse” écope de 24 ans de réclusion criminelle, dont les deux-tiers de sûreté. Résigné, il n’a pas protesté à la lecture du verdict. Loto et Valentin sont condamnés à 20 ans. Hier soir, aucun des trois ne semblait décidé à faire appel de la sentence.
Sébastien Gignoux
“Ça ne ramènera pas Dédé”
La famille Camalon s’est refusée hier à commenter le verdict. “Ils sont surtout soulagés que ce soit terminé” indiquait leur avocat Me Gangate. “Quelle que soit la peine, elle ne ramènera pas leur mari, papa et grand-père qu’ils chérissaient.”
Pour Georges Loto, qui écope de vingt ans de réclusion, “la peine peut surprendre dans un premier temps car c’est ce qu’on voit dans des cas de meurtre ou d’assassinat”, analyse Me Barraco. “Mais au regard des faits qui se sont déroulés cette soirée-là on peut penser que c’est une peine juste.” Même acceptation de la sentence du côté de Sylvain Valentin. “On en a parlé, il ne fera pas appel, on s’en tient à cette peine” assure Me Akhoun.
Même Jean-René Moulouma, qui clamait pourtant son innocence, ne semble pas partir pour un deuxième procès après avoir frôlé la perpétuité. “Les deux autres l’ont chargé, son attitude l’a peut-être aussi desservi à l’audience. Il doit encore réfléchir mais, à son attitude, je ne pense pas qu’il fera appel” a commenté son avocat Me Moselle.
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