Facebook accusé de jouer le jeu de Trump contre Twitter

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Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, le 25 octobre 2019, à New York.
Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, le 25 octobre 2019, à New York. Mark Lennihan / AP

Mark Zuckerberg s’attendait probablement à susciter des réactions en se démarquant de Twitter en pleine polémique avec Donald Trump. « Nous avons une politique différente. J’ai simplement la conviction que Facebook ne devrait pas être l’arbitre de la vérité de ce que les gens disent sur Internet », a-t-il objecté sur la chaîne Fox News, jeudi 28 mai, après que le réseau concurrent a, pour la première fois, étiqueté deux des Tweet du président américain, avec la mention « contenu trompeur ». Cette sortie, immédiatement saluée sur Twitter par le chef de l’Etat, vaut à Facebook d’être accusé, une nouvelle fois, de faire le jeu des républicains et de Donald Trump.

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« Zuckerberg est allé sur Fox News une machine à cash et à haine qui donne un mégaphone aux racistes et aux conspirationnistes pour dire que les réseaux sociaux devraient, en somme, laisser les politiciens mentir sans conséquences. Cela érode notre démocratie », a tonné l’ex-candidate à l’investiture démocrate Elizabeth Warren, sur Twitter.

« Les réseaux sociaux ne veulent pas être régulés, alors ils flattent la Maison Blanche. Regardez ce que Mark Zuckerberg, de Facebook, a dit aujourd’hui. Ce n’est que de la flatterie », a renchéri la démocrate Nancy Pelosi, présidente de la chambre des représentants. « Ils se cachent derrière la liberté d’expression », mais « leur modèle économique, c’est de faire de l’argent au détriment de la vérité et des faits », a-t-elle ajouté. De nombreux autres internautes ou observateurs ont reproché au fondateur de Facebook de prendre le parti de Donald Trump.

Une posture politique

Ironie du sort, la politique de modération de Facebook est différente de celle de Twitter, mais pas si éloignée. Le réseau de microblogging a étiqueté comme trompeur un Tweet de M. Trump, selon lequel le vote par correspondance faciliterait la fraude électorale. Puis un autre message présidentiel, à propos des heurts survenus à Minneapolis (Minnesota), après la mort d’un homme noir tué par la police : « Si des émeutes commencent, on commencera à tirer », menaçait le Tweet, jugé contraire aux « règles de Twitter relatives à la glorification de la violence ».

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En comparaison, Facebook a certes exclu, en septembre 2019, les messages et les publicités publiées directement par des personnalités politiques du champ des contenus vérifiés par son réseau de médias partenaires. Mais ces équipes de « fact-checking » peuvent étiqueter comme trompeurs des articles publiés sur Facebook mentionnant des propos de responsables publics. Et, pendant la crise du coronavirus, Facebook et sa filiale Instagram ont, comme Twitter, supprimé des contenus des présidents brésilien et vénézuélien, Jair Bolsonaro et Nicolas Maduro. Ceux-ci propageaient des fausses informations médicales présentant « un réel risque de préjudice physique », a justifié Facebook.

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En réalité, le message de Mark Zuckerberg sur Fox News est aussi une posture politique. Il s’inscrit dans une série de signaux adressés, depuis plusieurs années, par l’entreprise aux républicains. En effet, depuis 2016, ces derniers accusent Facebook de trop pencher à gauche, comme les autres sociétés de technologies de la Silicon Valley californienne. Pendant la campagne présidentielle victorieuse de M. Trump, le réseau social a ainsi démantelé une équipe chargée de mettre en avant des articles largement partagés sur la plate-forme, après avoir été accusé, sans preuves, de défavoriser les voix conservatrices.

Un « problème »

Pour apaiser les critiques, Facebook a ensuite rencontré des républicains. L’entreprise a notamment laissé un sénateur, Jon Kyl, lancer, en 2018, un « audit » sur le « biais » partisan du réseau social, en menant des entretiens avec des représentants ou des associations conservatrices.

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En parallèle, Joel Kaplan, un responsable de Facebook issu des rangs républicains, a pris une importance croissante dans l’entourage de Mark Zuckerberg, selon une enquête récente du Wall Street Journal. Cet ancien conseiller du président George W. Bush, aujourd’hui responsable des affaires publiques de Facebook à Washington, aurait notamment freiné les initiatives internes de lutte contre la « polarisation » du discours politique sur la plate-forme, selon le quotidien. Il se serait opposé à ceux qui s’inquiétaient du possible rôle joué par Facebook dans l’élection de M. Trump et dans la montée de propos clivants et haineux.

L’article du Wall Street Journal illustre un « problème » de Facebook, selon son ancien responsable de la sécurité, Alex Stamos : « C’est la même équipe [à laquelle appartient M. Kaplan] qui est responsable de fixer les règles sur la plateforme et de cajoler les gouvernements. » Fin 2018, M. Kaplan avait déjà suscité des protestations parmi les employés du réseau social, en affichant son soutien à son ami Brett Kavanaugh, candidat de Donald Trump à la Cour suprême des Etats-Unis.

Eviter de faire l’objet de nouvelles régulations

Plus récemment, à l’été 2019, Mark Zuckerberg a rencontré à plusieurs de ses domiciles des responsables républicains et des éditorialistes de médias conservateurs, dont Tucker Carlson, de Fox News, qui l’avait accusé de « contribuer à la mort de la liberté d’expression aux Etats-Unis », a rapporté le site Politico. Le fondateur de Facebook a aussi rencontré deux fois Donald Trump, notamment en présence de Peter Thiel, membre du conseil d’administration de Facebook et un des rares entrepreneurs de la Silicon Valley ouvertement pro-Trump.

Pour certaines voix de la gauche américaine, Facebook veut tellement éviter de paraître pro-démocrate qu’il finit par pencher à droite. Plus prosaïquement, l’entreprise cherche à éviter de faire l’objet de nouvelles régulations dont le président américain la menace régulièrement. Jeudi 28 mai, Donald Trump a émis un décret exécutif, qui invite les agences fédérales à réexaminer la section 230 (c) de la Communications Decency Act, une loi de 1996 qui limite la responsabilité des réseaux sociaux hébergeurs de contenus postés par des internautes.

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Lors de la signature du texte à la Maison Blanche, le ministre de la justice, William Barr, était présent. Or, ce dernier est aussi à la tête de l’importante enquête antitrust, qui doit déterminer si Facebook a abusé de sa puissance et enfreint le droit à la concurrence, notamment en rachetant WhatsApp et Instagram.



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