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Quand il a débarqué dans le pays d’Angela Merkel, le 2 juillet 2018, cet étudiant mauricien de 20 ans était loin de se douter qu’il allait devoir un jour se défendre devant une cour de justice allemande. Lui, c’est Shan Pittasoambloo. Il a mis un terme prématurément à ses études à l’école de langue allemande à laquelle il s’était inscrit. Parce qu’il était admis dans un établissement qui proposait des cours… en anglais. Il a donc poursuivi l’université en justice.
Né d’une mère qui fait partie des forces de l’ordre et d’un père représentant de vente, Shan affirme avoir payé plus de Rs 226 000 (5 700 euros) à cette école de langue. Ce montant, dit-il, devait couvrir les frais d’études et d’examens, le transfert de l’aéroport de Francfort à l’établissement scolaire situé à Coblence, ainsi que deux mois d’hébergement.
«Une semaine après, la directrice m’a réclamé 1 000 euros additionnels car, selon elle, la somme que j’ai réglée ne comprenait que les cours et encore moins l’hébergement», confie Shan Pittasoambloo que nous avons joint au téléphone, en Allemagne, hier. Il estime, lui, avoir payé environ 2 000 euros supplémentaires à cette école car sur son site Internet, il est écrit qu’un cours coûte 600 euros alors que les frais administratifs sont de l’ordre de 400 euros.
C’est la raison pour laquelle il dit ne pas s’être acquitté de la note réclamée. Sauf que les péripéties de Shan Pittasoambloo ne faisaient que commencer.
Avocat
Un beau jour, il reçoit une réclamation de 920 euros (dont 220 euros de frais au profit de l’intermédiaire) de cette école, à travers une société de réclamation de dettes. L’étudiant mauricien, avec le soutien de ses parents ici, à Maurice, campe sur sa position et n’obtempère pas.
«Je suis parti à la cour de district de la ville, où ils m’ont remis un papier pour que je puisse bénéficier d’un avocat car je n’en ai pas les moyens.» Le prochain rendez-vous de l’étudiant est fixé à demain.
Shan Pittasoambloo ne s’est pas arrêté là. Il a également écrit à l’ambassade mauricienne, à Berlin, pour raconter sa mésaventure, tout en demandant que sa situation soit résolue. Il maintient avoir dépensé plus qu’il n’en faut avec l’école de langue en question.
Ce genre de plainte venant des étudiants mauriciens en Allemagne est loin d’être un cas isolé, confie-ton du côté de l’ambassade de Maurice à Berlin.
Interrogé hier, Chandan Jankee, l’ambassadeur mauricien en Allemagne, en poste depuis août 2015, révèle que plusieurs étudiants qui partent pour des études là-bas se font berner.
«L’engouement des Mauriciens pour des universités allemandes est tout à fait justifiable. Sauf que bon nombre n’ont pas toutes les informations nécessaires car ils font confiance à des agents, qui opèrent en réseau et s’occupent de tout, allant du visa, en passant par les leçons de langue allemande – une étape cruciale avant une admission à l’université – à l’hébergement. C’est un gros business», indique l’ambassadeur. Cependant, la réalité est un manque d’hébergement en Allemagne en raison du flux de migrants, précise-t-il.
L’ambassadeur ajoute que certains agents se servent du fait que les universités publiques soient gratuites là-bas comme d’une carotte pour duper des parents d’étudiants mauriciens. «Ils racontent que l’hébergement n’est pas cher, qu’il y a du travail et qu’il est facile de trouver une université. Une fois que l’étudiant commence à apprendre l’allemand, il est déjà pris au piège et ne se rend pas compte des coûts cachés que l’agent peut lui facturer par la suite.»
Pour Chandan Jankee, il faut une réglementation. Il affirme avoir déjà porté ce dossier au ministère mauricien de l’Education et de l’enseignement supérieur.
«La situation dans laquelle se retrouvent certains étudiants mauriciens est pénible. Leurs parents dépensent facilement Rs 1 million à Rs 1,2 million pour leurs études en Allemagne. Je leur conseille de ne pas faire confiance aveuglément aux agents sans scrupule. N’importe qui peut faire des demandes d’entrée à l’université en ligne, sans passer par un intermédiaire quelconque», prévient l’ambassadeur.
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