Équipe de l’année : La nouvelle odyssée du volley-ball mauricien

On joue le troisième set de la finale masculine du tournoi de volley-ball des JIOI 2019, qui oppose Maurice à Madagascar. Le tableau affiche 2-0 en faveur du six mauricien, qui n’a besoin que d’un point pour aller chercher cette médaille d’or qui lui échappe depuis 2003, année de son dernier sacre. Kevin Larose s’élève plus haut, frappe plus fort, et envoie Maurice sur la plus haute marche du podium des Jeux.

Stephane Moonisamy, le capitaine de la sélection mauricienne, plante le décor. « On a connu trois campagnes qui n’ont pas été couronnées par le succès qu’on espérait. On voulait vraiment gagner ces Jeux. » L’histoire retiendra que Maurice n’avait pu sortir de la phase des poules en 2011 aux Seychelles, puis a pu aller décrocher une médaille de bronze aux rocambolesques Jeux de 2015. La route vers l’or a été, à en croire Stephane Moonisamy, jalonnée d’envie de bien faire, mais aussi de ce qui caractérise les groupes : un collectif. La quête elle-même n’aura pas été si dure, si ce n’est la mise en place d’une vie de groupe. « Je pense que ça a pris le temps qu’il fallait. Mais au final, le collectif est né de cette quête. »

Puis vient celui de la préparation. « On avait un seul objectif : l’or. » Sans doute le but devait-il valoir son pesant d’or, puisque tout a commencé deux ans avant les Jeux. Melchior Miniopoo, l’entraîneur national, reste en poste. L’occasion de continuer le travail entamé après les JIOI 2015. Melchior Miniopoo fait aussi appel à quelques joueurs rodriguais, histoire de renforcer le groupe à l’approche des JIOI. Ces nouveaux éléments intègrent parfaitement le collectif. « On se connaissait déjà, puisque tous les joueurs de la sélection ont déjà joué ensemble en tant que coéquipiers ou adversaires », lance le capitaine. La préparation continue, avec toujours pour seul objectif l’or. « On se préoccupait plus de nous que de nos adversaires. C’était la meilleure façon de rester concentrés sur la consécration. »

Maurice débute d’ailleurs sa campagne sur la meilleure note, vengeant au passage ses aînés de 2011 qui avaient laissé des plumes contre les Maldives en phase de poules. Les Seychelles aussi font les frais de la détermination mauricienne. Ensuite, il y a eu cette demi-finale d’anthologie, contre La Réunion, qui s’est soldée sur le score de 3-2. Pour la petite histoire, la sélection mauricienne a connu tous les états d’âme, menant 1-0, puis voyant son adversaire revenir à chaque fois, jusqu’à ce que les Réunionnais cèdent au tie-break (25-22, 22-25, 25-23, 25-27 et 15-10). Le six mauricien tenait son premier exploit. « On voulait vraiment aller en finale. Il n’y avait rien d’autre qui nous motivait. »
Puis vient le jour de cette ultime rencontre.

À l’opposé de leur adversaire, Maurice rend une copie parfaite. Les Malgaches, adversaires redoutés et redoutables, ne font pas long feu et s’inclinent en trois sets (25-16, 25-22 et 25-18). Ironiquement, c’est dans le troisième set que Maurice prend l’ascendant psychologique. « On était en finale, on ne pouvait pas dire qu’on allait gagner. Mais petit à petit, on commençait à entrevoir la médaille d’or. » Sur une relance, Kevin Larose offre la consécration, la quatrième de l’histoire du volley-ball mauricien aux JIOI. Cette fois, elle est en or massif, comme souligné dans l’édition du 28 juillet de Week-End. « C’était spécial : l’équipe a été rajeunie. » Sur les 12 joueurs retenus, on compte à peu près la moitié de l’effectif de 2015. Moonisamy lui-même en était à ses quatrièmes Jeux. « Le plus dur, pour nous, a été la préparation physique. Mais là, on était à bloc tout le temps. Au final, le résultat est là. »

Si le résultat est là, le regret aussi est présent. L’équipe, bâtie à coups de rajeunissement, s’est scindée depuis juillet. « C’était un groupe tellement prometteur. On aurait pu aller jouer en Afrique », lâche Stephane Moonisamy, un brin triste. Les JIOI resteront sans doute la consécration ultime pour le volley-ball mauricien.