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Que va-t-il finir par advenir de TikTok aux Etats-Unis ? Le réseau social, mal aimé du président américain, Donald Trump, en voit de toutes les couleurs depuis quarante-huit heures, entre menaces d’interdiction au sommet et négociations au point mort. La cause de ce désamour ? TikTok est soupçonné par Washington de partager ses données avec Pékin, ce que l’entreprise a toujours fermement nié.
Vendredi 31 juillet, après des semaines de rumeurs et de pression, la Maison Blanche faisait savoir que le président allait signer un ordre officiel forçant ByteDance, la maison mère chinoise, à s’en séparer, au nom de la protection de la sécurité nationale. Plusieurs médias américains révélaient dans la foulée que Microsoft était en négociations avancées pour racheter l’application adulée par les adolescents.
Mais vendredi soir, à bord de l’avion présidentiel, M. Trump a annoncé qu’il « bannissait TikTok des Etats-Unis ». Il a aussi précisé aux reporters qu’il n’était pas favorable à une opération de rachat des activités américaines de TikTok par une société de son pays.
Le rapatrier aux Etats-Unis, grâce à une acquisition, semblait à de nombreux acteurs en présence une solution idéale. Mais les négociations entre Microsoft et TikTok étaient au point mort samedi, d’après le Wall Street Journal, à cause de l’opposition du président américain. Selon le quotidien, les discussions auraient pu aboutir dès lundi. Les deux sociétés attendent désormais plus de clarté de la part de la Maison Blanche.
« Ici pour rester »
L’interdiction annoncée par le président interroge et suscite l’inquiétude. « Nous sommes ici pour rester », a déclaré samedi 1er août Vanessa Pappas, responsable de la branche Etats-Unis de TikTok, dans une vidéo enjouée sur l’application, à l’attention des utilisateurs. « Nous avons entendu votre déferlement de soutien et nous voulons vous dire merci. Nous n’avons pas l’intention de partir », a-t-elle insisté. Mme Pappas s’est aussi dite « fière » des mille cinq cents employés américains et a promis de créer « dix mille emplois additionnels dans [le] pays au cours des trois prochaines années ».
La plate-forme de divertissement – principalement des vidéos musicales courtes – compte près d’un milliard d’utilisateurs dans le monde. Sa popularité s’est encore renforcée à la faveur des mois de pandémie.
« Les Etats-Unis seraient les grands perdants si TikTok était banni », a déclaré samedi Daniel Castro, vice-président de l’Information Technology and Innovation Foundation, dont les vues sont généralement alignées sur celles des géants de la tech.
« Des millions d’Américains, y compris de nombreux supporteurs de Trump, l’utilisent pour créer et partager des contenus. (…) Tous ses serveurs sont situés hors de Chine, et il n’y a aucune preuve que [TikTok] constitue une menace pour la sécurité nationale. »
« Bannir une plate-forme, même si c’était légalement possible, nuit à la liberté d’expression en ligne et ne fait rien pour résoudre le problème plus vaste de la surveillance gouvernementale non justifiée », a pour sa part réagi Jennifer Granick, de la puissante organisation de défense des droits civiques ACLU (American Civil Liberties Union).
Ces derniers mois, le réseau social a tenté de démontrer que son identité et ses pratiques étaient solidement ancrées aux Etats-Unis. Le 1er juin, Kevin Mayer, l’ancien responsable des plates-formes de streaming de Disney (Disney+, Hulu et ESPN+), a pris la tête de la plate-forme.
Début juillet, l’application a interrompu son activité à Hongkong à cause de la récente loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin, qui donne plus de pouvoirs à la police, notamment en matière de surveillance. Insuffisant pour rassurer le président américain, qui considère la plupart des réseaux sociaux biaisés en faveur des démocrates, malgré ses quelque quatre-vingts millions d’abonnés sur Twitter.
Le réseau social est aussi contesté ailleurs qu’aux Etats-Unis. Il est ainsi banni depuis le 30 juin en Inde, où il avait été placé à la tête de la liste de 59 applications chinoises bloquées par New Delhi sur son territoire pour « assurer la sécurité et la souveraineté du cyberespace indien ». Le Pakistan a pour sa part lancé récemment « un ultime avertissement » à TikTok afin que des contenus jugés « immoraux, obscènes et vulgaires » soient supprimés de sa plate-forme.
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