Entre le Kremlin et la société russe, un divorce profond et durable

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En empêchant la participation des candidats de l’opposition aux élections locales, dimanche 8 septembre, le Kremlin n’a pas fait disparaître le mécontentement des électeurs, mais il l’a probablement amplifié.

Par Publié aujourd’hui à 05h00

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L’opposant Alexeï Navalny à la sortie d’un bureau de vote à Moscou, dimanche 8 septembre 2019.
L’opposant Alexeï Navalny à la sortie d’un bureau de vote à Moscou, dimanche 8 septembre 2019. TATYANA MAKEYEVA / REUTERS

Analyse. Dans un pays aussi féru de proverbes que la Russie, le résultat des élections locales du dimanche 8 septembre, catastrophique pour le pouvoir, pourrait se résumer par un simple adage : casser le thermomètre ne fait pas baisser la fièvre. A cette nuance près qu’en empêchant la participation des candidats de l’opposition dans la capitale, non seulement le Kremlin n’a pas fait disparaître le mécontentement des Moscovites, mais il l’a probablement amplifié.

L’avertissement est encore sans frais. Dans les 19 circonscriptions (sur 45) perdues dans la capitale par le pouvoir, les vainqueurs du scrutin sont des gens avec qui il est possible de s’entendre. Les communistes peuvent certes, au niveau local, concurrencer le Kremlin, ils peuvent même, à l’occasion, exprimer leur désaccord sur tel ou tel sujet social, ils restent loyaux sur l’essentiel : la distribution du pouvoir, le partage de la rente économique, les grands choix stratégiques.

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Le signal envoyé par les électeurs n’en est pas moins clair. A Moscou et dans d’autres grandes villes de Russie, le monopole électoral de Russie unie, le parti de Vladimir Poutine, est devenu inacceptable, tout comme les tentatives de rétablir à la hâte, à chaque scrutin, une démocratie de façade. Le message des manifestations de l’été en faveur d’élections libres, qui ont réuni jusqu’à 60 000 personnes, est le même.

Aussi limpide soit-il, rien ne dit que le Kremlin saura entendre ce message. Au sommet de l’Etat, le clan des libéraux, le mieux à même de faire remonter les humeurs de la société civile, est en pleine déroute. Dans le dossier moscovite, ce sont les faucons, les représentants des « ministères de force », qui ont été à la manœuvre. Dès l’origine, ils ont traité les contestataires en ennemis, les manifestants pacifiques en révolutionnaires qu’il convient de mater.

Radicalisation mutuelle

Rien d’étonnant à cela. Selon Tatiana Stanovaya, du groupe de réflexion R.Politik, M. Poutine a été informé sur la contestation estivale directement par Alexandre Bortnikov, le patron du FSB, et Nikolaï Patrouchev, celui du Conseil de sécurité, qui lui ont présenté les manifestations comme une tentative pilotée depuis l’Ouest de déclencher une « révolution de couleur », un Maïdan en plein cœur de la capitale. Qu’ils y croient ou non importe peu – la rhétorique complotiste a contaminé depuis longtemps les hautes sphères de l’Etat –, le résultat est que le Kremlin a choisi la répression plutôt que le dialogue. Après les matraques de juillet-août ont suivi les condamnations pénales de septembre.

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