Entre l’Allemagne et la France, l’errance des Afghans déboutés de l’asile

0
164

[ad_1]

Après plusieurs années de vie sur place, les Afghans qui n’obtiennent pas le statut de réfugié outre-Rhin partent souvent tenter leur chance en France et se retrouvent dans les méandres du règlement de Dublin.

Par Jean-Baptiste Chastand et Julia Pascual Publié aujourd’hui à 03h12

Temps de Lecture 7 min.

Article réservé aux abonnés

Le centre d’hébergement d’urgence d'Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, accueille des réfugiés en attente, ici le 17 avril.
Le centre d’hébergement d’urgence d’Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, accueille des réfugiés en attente, ici le 17 avril. CAMILLE MILLERAND POUR LE MONDE

« Disparu ». Dans les cercles de bénévoles qui s’occupent des migrants en Bavière, on entend désormais régulièrement ce mot. Contrecoup de la crise migratoire de 2015, ces derniers mois, un peu partout dans ce Land allemand réputé pour sa politique migratoire restrictive, des migrants se volatilisent pour éviter d’être expulsés vers leur pays d’origine. « Entre six et dix ont disparu de notre centre, ils sont partis en Italie ou en France », témoigne Ingeborg Mayer, bénévole à Altusried, une petite commune du sud-ouest de la Bavière. Dans les quelques bâtiments décrépis habitent toujours dix-neuf migrants, contre plus de 80 au pic de la crise, en 2015/2016.

Tous déboutés de leur demande d’asile, ce sont un peu les échoués de la crise. Les réfugiés reconnus ont déménagé pour des véritables logements, ceux des Balkans ont été expulsés, eux restent en craignant d’être rejetés à leur tour. En particulier les Afghans. La Bavière se dit fière de pratiquer leur expulsion, alors même que d’autres Länder sont plus réticents, en raison de la situation en Afghanistan, à exercer cette prérogative, en partie régionalisée en Allemagne. « Mon colocataire est parti il y a six mois pour Paris, depuis il n’arrête pas de me dire de venir », témoigne Umar, 28 ans, qui a été définitivement débouté de sa demande d’asile en 2018. Il reste en Allemagne avec un « Duldung » (tolérance, en allemand). Le Duldung n’est pas une autorisation de séjour mais un statut d’étranger « toléré » accordé jusqu’à ce que l’expulsion puisse être organisée. « J’hésite à le rejoindre, ça fait quatre ans que j’habite ici, j’ai appris la culture », dit-il en allemand.

L’Allemagne a donné l’asile aux Afghans dans 37,5 % des cas en 2018, alors qu’en France le taux de protection a été jusqu’en 2017 de plus de 80 % (le chiffre est retombé à 59 % début 2019). Ce chiffre est connu par tous « nos Afghans de Bavière », comme les nomme Stephen Dünnwald, porte-parole du conseil des réfugiés du Land. « Il y a même des rumeurs selon lesquelles on peut obtenir l’asile en trois mois », assure ce militant qui s’est récemment rendu à Paris pour retrouver des déboutés venus d’Allemagne dans les campements de Porte de la Chapelle. « Les conditions y sont merdiques, mais pour eux tout est mieux que Kaboul. »

Dans une chambre accueillant l’un des 220 régugiés du CHU-Ivry Masséna (Val-de-Marne), le 17 avril.
Dans une chambre accueillant l’un des 220 régugiés du CHU-Ivry Masséna (Val-de-Marne), le 17 avril. CAMILLE MILLERAND POUR LE MONDE

« Tout est mieux que Kaboul »

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: