« Entre la Chine et l’Europe, il y a un avant et un après-coronavirus »

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Chronique. N’en déplaise aux prophètes du déclin américain, les Etats-Unis restent maîtres des références culturelles, du moins sur le Vieux Continent. Lorsque le chef de la diplomatie de l’Union européenne, l’Espagnol Josep Borrell, cherche à illustrer son ambition de définir une politique propre à l’UE sur la Chine, il s’en remet fièrement à Frank Sinatra, qui fait encore les beaux jours du karaoké en Asie. Ecartelé entre Pékin et Washington, Bruxelles a donc choisi la « doctrine Sinatra » : ce sera « My Way » – Wo de lu en mandarin.

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Francophone consommé, Josep Borrell sait peut-être que My Way est adapté d’une chanson française, Comme d’habitude, tube de Claude François dans les années 1960. Mais My Way, écrite par Paul Anka, n’a rien à voir avec les paroles originales. La chanson de Sinatra professe même le contraire : « I’ll do it my way » (« J’agirai à ma façon ») implique, précisément, de rompre avec l’habitude. Ce n’est pas la première fois que la doctrine Sinatra est mise à contribution en géopolitique : en octobre 1989, Guennadi Guérassimov, le porte-parole de Mikhaïl Gorbatchev, alors numéro un soviétique, l’avait opposée à la doctrine Brejnev, qui voulait que l’URSS impose sa loi aux pays satellites. En choisissant de suivre une voie différente, la Pologne et la Hongrie avaient opté pour « My Way », avait alors plaisanté Guérassimov. Deux semaines plus tard, le mur de Berlin tombait.

Non-alignement

La situation, aujourd’hui, est radicalement différente. Guérassimov s’exprimait au crépuscule de la guerre froide, alors que nous sommes à l’aube d’une autre guerre froide, différente de celle du XXsiècle. Celle-ci n’oppose plus les Etats-Unis à l’Union soviétique, mais à la Chine. Et alors que l’habitude s’était établie pour les Européens, après la deuxième guerre mondiale, de faire corps avec Washington face à Moscou, ils sont beaucoup moins enthousiastes à l’idée de s’aligner sur l’administration Trump dans son conflit ouvert avec Pékin. D’où le renouveau de la doctrine Sinatra.

Car si les relations transatlantiques sont de plus en plus distendues, il n’est pas non plus question pour les Européens, alliés, jusqu’à nouvel ordre, des Américains, de s’aligner sur Pékin. Non-alignement ne veut pas dire équidistance, souligne-t-on à Bruxelles. La crise liée à la pandémie de Covid-19 a ouvert les yeux de ceux qui, parmi les Vingt-Sept, croyaient encore à une certaine bienveillance de la Chine, même définie depuis un an comme « rivale systémique ». Le refus de transparence du régime chinois sur l’origine du virus, ses manœuvres à l’Organisation mondiale de la santé pour retarder la procédure d’alerte internationale, puis l’agressivité de la « diplomatie du masque », doublée de la tactique du « loup combattant » mise en œuvre par les ambassadeurs chinois en poste en Europe, tout cela a fait des dégâts. Entre la Chine et l’Europe, il y a un avant et un après-coronavirus.

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