Entre guerre et pauvreté, l’Ukraine se vide

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Petro Porochenko, devancé dans les sondages avant le scrutin du 21 avril, a admis l’ampleur de l’émigration.

Par Benoît Vitkine Publié aujourd’hui à 10h25

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Des Ukrainiens arrivent à Varsovie, le 10 mars.
Des Ukrainiens arrivent à Varsovie, le 10 mars. MSTYSLAV CHERNOV / AP

Son inauguration, il y a exactement trois ans, avait eu les honneurs du président Petro Porochenko. L’installation à Lviv du sous-traitant automobile japonais Fujikura constituait une rare bonne nouvelle pour une Ukraine en quête éperdue d’investissements étrangers et d’emplois. Dans cette région occidentale de Lviv, le chômage – officiellement de 8 % – atteint un niveau proche de 20 %.

Construite à la sortie ouest de Lviv, l’usine moderne et bien conçue ressemble à une vitrine des relations commerciales désormais bien établies entre l’Ukraine et l’Union européenne, distante d’une soixantaine de kilomètres. Fujikura fournit des composants électriques à des constructeurs automobiles allemands. L’Ukraine, avec ses salaires bas et sa main-d’œuvre de bonne réputation, s’est à l’époque imposée sur la Tunisie.

L’Europe plus accessible

Mais rapidement après l’inauguration, un détail imprévu est apparu : il s’est avéré délicat de pourvoir les 2 000 postes d’ouvriers nécessaires au bon fonctionnement de l’usine, malgré un salaire à 9 000 hryvnias (300 euros) pour les postes les moins qualifiés, comparable au salaire moyen ukrainien. En cause, l’exode massif des jeunes Ukrainiens, partis par centaines de milliers travailler dans la Pologne voisine et ailleurs en Europe. « Les gens qui nous intéressent sont précisément les mêmes que ceux qui émigrent, jeunes et peu qualifiés », explique Olena Lazar, responsable des ressources humaines du site.

Les estimations chiffrées du phénomène sont hasardeuses. Avec une population qui s’établit officiellement à 44 millions d’habitants (en comptant la Crimée annexée et le Donbass, dont le contrôle échappe en partie à Kiev), l’Ukraine n’a pas conduit de recensement depuis 2001. Mais la plupart des observateurs estiment que 3 à 6 millions d’Ukrainiens travaillent à l’étranger, de façon permanente ou en effectuant des allers-retours. Selon le ministre des affaires étrangères, 100 000 personnes quitteraient chaque mois le pays.

L’émigration massive a commencé dès les années 1990, mais elle s’est accentuée à partir de 2014 avec la guerre et une baisse du niveau de vie, à la même époque où l’Europe devenait plus accessible. Elle plane au-dessus de l’élection présidentielle, dont le second tour se joue dimanche 21 avril, et pour laquelle nombre d’Ukrainiens ont déjà choisi de voter avec leurs pieds. Quand on demande au nouveau venu Volodymyr Zelensky, qui a largement remporté le premier tour le 31 mars, les raisons de son entrée en politique, le comédien répond invariablement : « Je veux que mes enfants puissent vivre dans ce pays. »

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