Enquête sur les morts invisibles du Covid-19

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Des employés du cimetière, en combinaison, enterrent des personnes victimes du Covid-19, à Sao Paulo (Brésil), le 30 avril.
Des employés du cimetière, en combinaison, enterrent des personnes victimes du Covid-19, à Sao Paulo (Brésil), le 30 avril. ANDRE PENNER / AP

Chaque soir, en Europe et ailleurs dans le monde, le décompte macabre des décès provoqués par la pandémie de Covid-19 rythme un quotidien anxiogène. Et chaque soir, les chiffres augmentent, en même temps que les doutes s’accroissent sur leur sincérité. A la date du jeudi 30 avril, 230 000 personnes avaient succombé au coronavirus, selon les bilans officiels recensés par l’Agence France-Presse, qui fait état de plus de 3 millions de cas diagnostiqués à travers 193 pays et territoires. La réalité est plus cruelle.

Des éléments nouveaux apparaissent, au fur et à mesure que les taux de mortalité peuvent être comparés d’une année sur l’autre. Des réajustements sont pratiqués, comme au Royaume-Uni, où le nombre de morts, 26 097, a été réévalué à la hausse le 29 avril, lorsque, sous pression, le gouvernement britannique a rendu public les décès survenus dans les maisons de retraite et à domicile. Dans d’autres parties du globe, des enquêtes locales ont été lancées qui contredisent les bilans avancés par les autorités.

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Ainsi, dans la seule ville de Djarkata, capitale de l’Indonésie, où, officiellement, 84 morts dus au Covid-19 ont été recensés, l’agence Reuters a pu établir qu’un nombre d’inhumations bien plus élevé avait eu lieu au mois de mars, avec, selon les données recueillies auprès du département des parcs et cimetières de la ville, 4 377 enterrements, soit 40 % de plus « que n’importe quel autre mois depuis au moins janvier 2018 ». Sur la base des courbes de mortalité dans douze pays, dont la France, le quotidien américain New York Times estime pour sa part à « 40 000 le nombre de décès manquants » en mars, par rapport à l’année précédente.

Des méthodes variables d’un pays à l’autre

L’enquête menée par Le Monde, qui a mobilisé l’ensemble de son réseau de correspondants, aboutit elle aussi à la conclusion d’une mortalité sous-estimée partout sur la planète. Certes, le comptage des victimes en temps réel, lors d’une pandémie, s’avère difficile à mener à bien. Mais les indices récoltés prouvent que les recommandations émises le 16 avril, par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui incitent à inscrire Covid-19 « pour TOUTES les personnes décédées lorsque cette maladie a causé ou contribué au décès, ou est soupçonnée de l’avoir fait », sont loin d’être respectées.

Ainsi, en Turquie, la disproportion entre la stabilité relative du nombre de décès, 3 081 au total, par rapport à l’augmentation exponentielle des nouveaux cas s’explique, selon l’Association turque des médecins (TBB, qui rassemble 70 % des praticiens turcs), par ce non-respect. Un certain nombre de patients sont répertoriés comme décédés d’une pneumonie ou d’une autre pathologie plutôt que du Covid-19, malgré les résultats cliniques confirmant ce diagnostic. Le ministère de la santé justifie ce décalage par la pratique intensive du dépistage. Mais après avoir analysé les registres publics des décès à Istanbul, des experts ont révélé une hausse importante de la mortalité en mars et avril, 2 100 morts supplémentaires par rapport aux deux dernières années.

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