Enfance maltraitée : «L’affaire Marina , une vie de martyr “

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Le 6 août 2009, la fillette de 8 ans succombait à un long calvaire infligé par ses parents. La Cour européenne des droits de l’Homme doit prochainement se prononcer sur une éventuelle faute lourde de l’Etat.

Il aura fallu cet énième mensonge pour que soit, enfin, dévoilé le calvaire de Marina . Non, celle-ci n’a pas été enlevée sur un parking de McDonald’s, comme le prétend d’abord son père Eric Sabatier aux gendarmes en septembre 2009, avant de craquer en garde à vue. La fillette de 8 ans est en réalité morte un mois plus tôt, dans la nuit du 6 ou 7 août, à l’issue d’une ultime scène de violence infligée par ses parents, épilogue d’une vie de martyr. Le corps, dissimulé dans la cave puis le congélateur de la maison familiale d’Ecommoy (Sarthe), sera finalement découvert dans le local technique d’une entreprise, recroquevillé dans une caisse en plastique et coulé dans le béton.

Dix ans plus tard, ni le visage de cette petite fille devenue le symbole de l’enfance maltraitée, ni sa terrible destinée, ne sont tombés dans l’oubli. Le procès de ses parents, condamnés en juin 2012 à 30 ans de réclusion criminelle pour « actes de tortures ou de barbarie ayant entraîné la mort » a certes permis d’entrevoir l’étendue des sévices vécus par Marina, battue à coups de pied, de poings, ou de sangles ; affamée des jours durant ; recluse à la cave, nue et bâillonnée ; plongée dans des bains glacés ; forcée à porter de lourdes charges, sans chaussures, jusqu’à en avoir les pieds déformés.

Il a surtout mis en exergue la cécité des institutions censées la protéger ainsi que la liste des coupables défaillances qui ont, selon les associations de défense des droits de l’enfant, conduit à sa mort.

Une impressionnante « liste des blessures »

Deux d’entre elles avaient choisi de mettre l’Etat devant ses responsabilités en l’assignant pour « faute lourde ». Las, la justice française ne leur a pas donné raison. C’est donc vers la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) qu’elles se sont tournées, où la procédure est en passe d’aboutir. Un an avant sa mort, Marina avait été entendue par les enquêteurs à la suite d’un signalement – le seul, en dépit de multiples alertes et d’une impressionnante « liste des blessures » établie par les différentes écoles de la fillette.

Mais devant les gendarmes, la petite, tout sourire, exonère ses parents. « Elle justifie chaque cicatrice comme une leçon apprise par cœur, cela sonne faux ! » s’agace Me Grégory Thuan dit Dieudonné, avocat de l’association Innocence en danger, stigmatisant « la pauvreté et l’inefficacité de l’enquête ».

À l’issue de l’entretien, un enquêteur se rend bien chez Eric Sabatier et Virginie Darras, ses parents, mais constate que « l’habitation est propre et bien tenue » et que les quatre autres enfants sont « polis et ne manquent de rien ». Marina, elle, est absente. « Ni la directrice d’école ni les parents ne sont alors officiellement entendus », regrette Me Thuan dit Dieudonné. Dans la foulée, le parquet classe sans suite.

Une condamnation en guise d’électrochoc

L’année suivante, d’autres alertes seront émises notamment par l’hôpital du Mans, où la fillette reste un mois pour de graves brûlures aux pieds. En vain. Les services sociaux, qui n’ont pas obtenu les éléments judiciaires, ne décèleront pas non plus de danger chez l’enfant. Me Rodolphe Costantino, avocat d’Enfance et Partage et fin connaisseur de ces douloureux dossiers, estime qu’il s’agit du « pire » qu’il ait eu à connaître en vingt-cinq ans d’exercice. « Six ans de calvaire terrifiants, avec des parents capables d’attacher l’enfant affamée à un radiateur, un hamburger posé devant elle, hors de sa portée… » se souvient le pénaliste, présent au procès.

En 2014, un rapport au vitriol sur l’affaire du Défenseur des droits émettait un certain nombre de recommandations , dont la mise en place se fait encore attendre. « C’est un dossier tristement emblématique, dans lequel de bonnes volontés cherchent à se manifester, bien vite enterrées par l’inertie des institutions. Pourtant, peu de choses ont changé depuis », regrette Me Costantino qui espère une condamnation de la France en guise d’électrochoc.

Avec LP

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