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Volodymyr Zelenski, humoriste sans expérience, est arrivé largement en tête du premier tour, recueillant 30,24 %, contre 15,95 % au président sortant, Petro Porochenko.
Jusqu’au bout, la campagne pour l’élection présidentielle ukrainienne s’annonce hors-norme et spectaculaire. Longtemps incertain, un débat entre les deux candidats en tête au soir du premier tour, dimanche 31 mars, aura bien lieu… dans le stade Olympique de Kiev, une enceinte de 70 000 place qui a notamment accueilli la finale de la Ligue des champions de football, en 2018.
Volodymyr Zelenski, humoriste sans expérience dont la candidature a dynamité la scène politique ukrainienne, est arrivé largement en tête de ce premier tour, recueillant 30,24 % – contre 15,95 % au président sortant, Petro Porochenko.
Dès l’annonce des résultats, dimanche soir, la question d’un éventuel débat s’est imposée. La pratique n’est pas systématique en Ukraine, mais l’équipe Porochenko a immédiatement exigé une telle rencontre, convaincue que le chef de l’Etat ne ferait qu’une bouchée de l’inexpérimenté Zelenski, dont les prises de parole publiques se sont le plus souvent limitées, durant la campagne, à aligner de vagues généralités.
« Examen médical obligatoire »
Cette demande a trouvé un fort écho dans l’opinion. M. Zelenski a en effet mené campagne uniquement sur les réseaux sociaux et à travers une tournée de spectacle, esquivant les journalistes et les questions trop précises. « Je veux un débat sur la télévision publique », ont affiché des milliers d’Ukrainiens sur les réseaux sociaux.
« Vous rêviez que je me dérobe, que je me cache. Non ! Je ne suis pas vous »
Mercredi, Volodymyr Zelenski a non seulement accepté le challenge, mais il a en plus renchéri dans la communication et la provocation. Dans une vidéo à la mise en scène léchée, le comédien, devenu une star en Ukraine pour avoir interprété dans une série à succès le rôle d’un professeur propulsé président, s’adresse directement à son rival : « Vous m’avez proposé un débat. Vous rêviez que je me dérobe, que je me cache. Non ! Je ne suis pas vous. »
Marchant dans un long couloir, le candidat émerge finalement sur la pelouse du stade aux tribunes vides, et lance : « Je vous attends ici, au stade Olympique. Le débat aura lieu devant le peuple ukrainien. Toutes les télévisions auront le droit de le diffuser. » Autre condition en forme de coup bas, le candidat réclame un « examen médical obligatoire » pour montrer « qu’il n’y a pas d’alcoolique ou de toxicomane » dans la course, alors même qu’aucun soupçon de la sorte ne pèse sur le président. Pour finir, M. Zelenski réclame encore : « En signe de respect, vous devez reconnaître publiquement que vous n’affrontez pas un clown, pas un pantin, mais le candidat à la présidentielle Volodymyr Zelenski. Je vous donne vingt-quatre heures. »
Que faire face à cet ultimatum ? En répondant, le président s’exposait au risque d’apparaître sur la défensive. Petro Porochenko l’a pourtant fait quelques heures plus tard, se montrant lui aussi en vidéo, détendu et sûr de lui. En pleine rue, sans cravate, le président commence par faire la leçon à son rival en lui rappelant que « le débat ce n’est pas un show. (…) Etre président et commandant en chef, ce n’est pas un jeu ». « Les règles du débat sont inscrites dans la loi, lisez-la », lance encore le président, qui semble donc sur le point de refuser. Mais dans un dernier haussement d’épaules, Petro Porochenko finit par lâcher : « Mais… va pour le stade ! »
Les observateurs parient, si cette confrontation a bien lieu, sur la date du vendredi 19 avril, deux jours avant le vote, mais tous seraient bien en peine de trancher : cet exercice inédit et spectaculaire sera-t-il à l’honneur de la jeune démocratie ukrainienne, ou donnera-t-il à ce scrutin âprement disputé les allures d’une comédie de seconde zone ? L’intérêt du public semble là, en tout cas : quelques heures après leur mise en ligne, les deux vidéos totalisent sur Facebook plus de 4 millions de vues.
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