En Turquie, l’imam geek de Sainte-Sophie tire sa révérence

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A l’intérieur de la grande mosquée de Sainte-Sophie, à Istanbul, le 24 juillet 2020.

LETTRE D’ISTANBUL

C’est fini, Mehmet Boynukalin ne dirigera plus les prières à la grande mosquée Sainte-Sophie, à Istanbul (Turquie). L’imam en chef de l’ancienne basilique byzantine, devenue mosquée en 1453, musée en 1934, puis redevenue mosquée en juillet 2020, a démissionné jeudi 8 avril. Tirant sa révérence sur son compte Twitter, il a expliqué vouloir retourner à sa vocation initiale, l’enseignement du droit islamique à la faculté de théologie de l’université de Marmara.

Son ascension aura été de courte durée, huit mois seulement à exercer son magistère sur l’édifice du VIe siècle, rendu au culte musulman à l’été 2020 sur ordre du président Recep Tayyip Erdogan. Les touristes sont autorisés à y déambuler pour admirer les rideaux qui recouvrent les représentations figuratives, les mosaïques et les peintures de l’époque byzantine, cachées à la vue pour ne pas faire insulte à l’islam.

Personne ne s’attendait à la démission de Mehmet Boynukalin, un quinquagénaire à la silhouette corpulente et à la barbe fournie, réputé proche du pouvoir islamo-conservateur. Son cursus est irréprochable ; il est diplômé de l’université Al-Azhar du Caire. Son ascendance l’est tout autant puisque son père, Rifat Boynukalin, fut, dans les années 1970, l’un des fondateurs du parti de l’Ordre national (Milli Nizam partisi, islam politique), aux côtés de Necmettin Erbakan, le mentor politique de M. Erdogan.

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Enfin son neveu, Abdurrahim Boynukalin, un ancien député du parti présidentiel de la Justice et du développement (AKP), est connu pour sa vitalité et celle de ses nervis, utilisés dans le cadre d’actions violentes, comme en 2015, lorsqu’il organisa une expédition punitive contre les locaux et les journalistes du quotidien Hürriyet.

Les commentateurs s’interrogent. Pourquoi l’ouléma, le docteur en droit islamique de Sainte-Sophie, a-t-il jeté l’éponge ? Dans le communiqué qu’il a publié sur les réseaux sociaux, truffé de références à « Dieu tout-puissant » et au « précieux président », Mehmet Boynukalin justifie sa démission par son souci de rester en retrait, lui qui avait l’habitude de commenter l’actualité à tout bout de champ, par le biais de ses trois comptes Twitter, en turc, en arabe et en anglais.

Flagorneur expérimenté

Le pieux geek, dont le nom de famille signifie en turc « nuque épaisse », se gardait bien d’aller à rebours des idées chères au chef de l’Etat turc. Ne fut-il pas le premier à adhérer à la doxa économique présidentielle selon laquelle il faut réduire les taux d’intérêt pour mieux lutter contre l’inflation ?

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