En Turquie, le roi de la pègre bénéficie d’une amnistie controversée

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LETTRE D’ISTANBUL

Photo d’archives montrant le chef de la mafia Alaattin Cakici, escorté par la police avant son procès, à Istanbul, le 11 avril 2008.
Photo d’archives montrant le chef de la mafia Alaattin Cakici, escorté par la police avant son procès, à Istanbul, le 11 avril 2008. IYET / AP

Bénéficiaire de l’amnistie votée par le Parlement turc pour désengorger les prisons en cette période de pandémie, le chef mafieux Alaattin Çakici a été parmi les premiers prisonniers libérés. Il est sorti jeudi 16 avril de la centrale de Sincan à Ankara, après seize ans passés en détention pour meurtres commandités – dont celui de son ex-femme –, attaque à main armée, blanchiment d’argent etc.

Les chaînes de télévision du pays ont diffusé les images de son convoi en train de franchir les portes de la prison. Le moment était attendu avec impatience par les cercles nationalistes, qui ne ménagent pas leur soutien au parrain. Car non content d’être un gangster chevronné qui a fait fortune grâce au jeu et au trafic de drogue, l’homme est en effet une égérie du Parti d’action nationaliste (MHP), devenu aujourd’hui le principal partenaire des islamo-conservateurs au pouvoir.

« Un patriote »

L’amnistie était en quelque sorte taillée spécialement pour lui. Sa libération était réclamée de longue date par Devlet Bahçeli, le chef du MHP, assidu à plaider sa cause auprès du président Recep Tayyip Erdogan. Le leader nationaliste n’a eu de cesse de vanter les qualités de son fidèle ami, un « homme courageux et intrépide », un « patriote » ayant rendu de nombreux services à la cause.

A peine sorti de prison, Alaattin Çakici, 67 ans, bien que physiquement affaibli par sa détention, a rapidement retrouvé sa faconde. Une guerre des mots s’est alors engagée avec Sedat Peker, un autre chef mafieux, à qui il a promis de « faire porter une jupe », ce qui, dans le jargon du milieu, est un grand moment d’humiliation.

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D’aucuns ont cru y voir l’amorce d’un conflit naissant entre gangs. « La Turquie est revenue aux années 1990 », a résumé l’ancien premier ministre Ahmet Davutoglu, qui fut un allié du président Erdogan, avant de devenir son plus fervent adversaire politique.

L’allusion renvoie indirectement à la toute-puissance de l’« Etat profond », un pacte occulte passé entre la mafia, les services de sécurité et des responsables politiques de droite, qui a marqué la vie politique du pays pendant vingt ans, de 1980 à 2000, avec son cortège de scandales et d’assassinats extrajudiciaires.

Homme de main des services

Embourbés dans la sale guerre au Kurdistan, où des escadrons de la mort, des groupuscules islamistes sanguinaires et des policiers de mèche avec la pègre faisaient régner la terreur, les gouvernements successifs ont ouvertement flirté avec les criminels.

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