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L’organisation djihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué, lundi 7 septembre, l’attaque menée la veille dans la ville touristique de Sousse, en Tunisie, et ayant tué un membre de la Garde nationale, signe que l’EI continue à essayer de frapper, même avec des moyens limités.
Tôt dimanche, des hommes en voiture ont heurté des agents de la Garde nationale près de la station balnéaire de Port Al-Kantaoui, dans la ville côtière de Sousse (est), puis les ont attaqués au couteau, tuant l’un d’eux et blessant grièvement l’autre. Ce dernier se trouvait dans un état stable lundi, selon le ministère de l’intérieur.
La victime, Sami Mrabet, 38 ans, père de deux enfants, a été enterrée à Moknine, sa ville d’origine au sud de Sousse, lundi matin, en présence de plus de mille personnes, dont plusieurs membres du gouvernement, a constaté un correspondant de l’AFP.
L’EI a simplement fait état, via son organe de propagande Amaq, de la mort d’au moins un membre des forces de sécurité lors de cette attaque menée par des « combattants » de l’organisation, sans davantage de précision.
« Les photos montrent que l’un des assaillants portait un tee-shirt avec une inscription spécifique à Daech (acronyme arabe de l’EI) », a souligné l’expert Mokhtar Ben Nasr, ex-président de la Commission nationale contre le terrorisme, estimant qu’il est difficile d’établir les liens précis entre l’organisation et ses partisans.
Trois assaillants, dont deux frères, ont été tués dimanche matin dans la même zone. Ils n’étaient pas connus des autorités tunisiennes. Les deux frères étaient originaires du quartier d’Akouda où a eu lieu l’attaque, et le troisième homme, originaire de la région défavorisée de Siliana (nord-ouest) habitait avec eux, a indiqué à l’AFP le porte-parole du parquet antiterroriste, Sofiène Sliti. Sept personnes ont par ailleurs été arrêtées et placées en garde à vue dans le cadre de l’enquête. L’épouse d’un des deux frères, deux autres frères et un homme en lien avec eux ont été arrêtés, ainsi que trois personnes soupçonnées d’avoir été des recruteurs, a précisé M. Sliti.
La France a condamné lundi « avec la plus grande fermeté » l’attaque.
« A court d’armes »
Cette nouvelle attaque contre les forces de l’ordre, dans la ville où avaient eu lieu les événements meurtriers qui secouèrent le pays en 2015, s’est déroulée trois jours après l’entrée en fonction d’un nouveau gouvernement dans un contexte de fortes tensions politiques. Plusieurs partis ont réclamé un remaniement pour changer le ministre de l’intérieur, Taoufik Charfeddine, un avocat sans expérience politique, désigné sous la houlette du président Kaïs Saïed.
Cette attaque est la dernière d’une série d’attentats visant les forces de l’ordre ces dernières années, malgré une nette amélioration de la situation sécuritaire.
En mars, un policier et un civil avaient été tués dans un attentat-suicide visant une patrouille en faction devant l’ambassade des Etats-Unis. Mais la dernière attaque d’ampleur remonte à mars 2016, lorsque des djihadistes venus de Libye avaient tenté, sans succès, de s’emparer de postes des forces de sécurité de Ben Guerdane (sud), tuant 20 personnes.
Tant Jund Al-Khilafa, groupuscule affilié à l’EI, que la faction locale d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), la phalange Okba Ibn Nafaa, « sont aujourd’hui désorganisés, à court de moyens logistiques », affirme M. Ben Nasr : « On l’a vu aux dernières actions, qui sont rudimentaires et mal préparées. Ce mode opératoire, avec une voiture et des couteaux, prouve qu’ils sont à court d’armes, mais que des individus inconnus de la police sont toujours prêts à l’action », souligne-t-il, appelant à renforcer la prévention.
Les Tunisiens ont constitué l’un des plus gros contingents de djihadistes étrangers en Syrie, en Irak et en Libye après 2011 avec près de 3 000 départs, selon les autorités.
Malgré la fin de son califat autoproclamé en 2014 à cheval entre la Syrie et l’Irak, « l’EI n’est pas totalement vaincu, on assiste à sa remontée en Afrique subsaharienne », rappelle Michaël Ayari, analyste pour le centre International Crisis Group. « Se pose de plus en plus la question des liens entre les groupes armés au Sahel et les Tunisiens partis combattre en Irak, en Syrie et en Libye entre 2012 et 2015, et qui ont échappé à la mort ou à la prison. »
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