En Tunisie, la « crise d’identité » des islamistes d’Ennahda

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Les scrutins présidentiel et législatif de septembre et octobre constitue un test sensible pour le parti islamo-conservateur engagé dans un douloureux aggiornamento doctrinal.

Par Publié aujourd’hui à 12h05

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Affiche électorale d’Abdelfattah Mourou, candidat d’Ennadha au scrutin présidentiel, à Tunis, le 2 septembre.
Affiche électorale d’Abdelfattah Mourou, candidat d’Ennadha au scrutin présidentiel, à Tunis, le 2 septembre. ZOUBEIR SOUISSI / REUTERS

Analyse. Par petites touches, les mots changent. La lexicologie d’Ennahda, le parti tunisien issu de la matrice islamiste, en dit long sur une mutation en cours dont l’enjeu – l’avenir de l’islam politique – dépasse très largement les frontières de la Tunisie. Quand Abdelfattah Mourou, le candidat d’Ennahda au scrutin présidentiel, dont le premier tour aura lieu le 15 septembre, confesse, lors d’une rencontre avec des correspondants étrangers à Tunis, qu’il souhaite requalifier sa famille politique en « parti conservateur », sans référence religieuse particulière associée au label, le geste n’est pas anodin.

Il témoigne d’un aggiornamento qui s’approfondit d’année en année sous la pression d’un environnement, national et régional, moins favorable à l’islam politique que ne l’ont été les lendemains immédiats des « printemps arabes » de 2011. En Tunisie, la participation ­d’Ennahda au pouvoir sans discontinuer depuis la révolution – en partenaire majoritaire (2012-2013) ou minoritaire (2015-2019) de coalitions gouvernementales – a accusé cette propension au pragmatisme.

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Mais le prix à payer en est lourd : « une crise d’identité », écrit le politiste Hamza Meddeb dans une étude du Carnegie Middle East Center publiée le 5 septembre. Confronté à l’érosion de son socle historique – les classes populaires de la Tunisie intérieure –, alors que le ralliement de nouvelles couches sociales plus sécularisées du littoral urbain tarde à se manifester, Ennah­da voit ses assises fragilisées. La perte du tiers de son électorat aux élections municipales de 2018 par rapport aux législatives de 2014 est l’une des manifestations de cette « crise d’identité ».

S’il reste malgré tout le premier parti tunisien, fort du principal groupe parlementaire à l’Assemblée, Ennahda le doit surtout à l’implosion de la famille dite « moderniste », coalisée en 2012 autour de Nidaa Tounès avant de se fragmenter après 2015. La capacité d’Ennahda de surmonter les défis de sa transformation doctrinale et sociologique sera l’un des enjeux du scrutin présidentiel, mais surtout des législatives prévues le 8 octobre.

Quête de respectabilité

M. Mourou, avocat au verbe truculent et aux postures souvent en décalage avec la ligne d’Ennahda, fait partie de ceux qui pensent que la réforme du parti doit être plus audacieuse encore. Certes, sa petite phrase sur la requalification du parti en « conservateur » – et seulement conservateur – n’exprime qu’une « position personnelle », précise-t-il. Mais il veut « ouvrir un débat au sein d’Ennahda » permettant de poursuivre une révision déjà bien engagée.

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