En Thaïlande, une transgenre candidate au poste de premier ministre

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Sans illusion sur ses chances de l’emporter, Pauline Ngarmpring est la première personne transgenre à viser le poste de chef du gouvernement. Une manière de promouvoir les droits de la communauté LGBT.

Par Bruno Philip Publié aujourd’hui à 05h38

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LETTRE DE BANGKOK

La candidate au poste de premier ministre (à droite) en campagne pour le parti Mahachon à Bangkok (Thaïlande), le 13 février.
La candidate au poste de premier ministre (à droite) en campagne pour le parti Mahachon à Bangkok (Thaïlande), le 13 février. GEMUNU AMARASINGHE / AP

A 56 ans, après avoir « franchi la frontière » – ce sont ses mots –, séparant le sexe masculin du sexe féminin, Pauline Ngarmpring vient de décider de passer à la vitesse supérieure : le 24 mars, à l’occasion des élections législatives, elle deviendra la première personne transgenre à être candidate au poste de premier ministre de l’histoire de la Thaïlande. Le royaume a beau être connu pour son importante population de personnes transsexuelles, une minorité beaucoup mieux intégrée dans le tissu social que dans les pays occidentaux, c’est la première fois qu’un(e) de leur représentant(e) ose se lancer en politique à ce niveau.

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Répondant samedi 16 février par téléphone aux questions du Monde, Pauline – qui dans son incarnation précédente s’appelait Pinit et était un père de deux enfants – donne le sentiment d’une politicienne mesurée, sérieuse, tout entière concentrée sur son objectif. C’est principalement pour défendre le monde des personnes transgenres et, plus généralement, celui des gays, lesbiennes et bisexuels (LGBT) que Pauline est entrée dans l’arène : « les Occidentaux se font une fausse idée du degré de tolérance pour les transgenres en Thaïlande », explique-t-elle. « En fait, nous sommes largement confinés à l’univers du divertissement et pas vraiment acceptés en tant qu’individus. »

Exploitation et brimades

Dans le contexte thaïlandais, l’expression de divertissement recouvre à la fois le monde de la
télévision, où la personne transgenre peut adopter des postures de clown lors d’émissions de variétés, ou celui de la prostitution, un marché florissant au Pays du sourire. A Bangkok, dans les quartiers chauds de Patpong et de Soï cow boy, les personnes transgenres sont entraîneuses, danseuses nues sur le comptoir des « go go bars », prostituées dans les bastringues à travestis. Exploitation, brimades et frustration sont parfois le lot quotidien des professionnels du sexe dans ce milieu de la nuit.

Pauline Ngarmpring discute avec des travailleurs d’un salon de massage en bordure de route à Bangkok (Thaïlande), le 13 février.
Pauline Ngarmpring discute avec des travailleurs d’un salon de massage en bordure de route à Bangkok (Thaïlande), le 13 février. GEMUNU AMARASINGHE / AP

Si jamais elle était élue, Pauline « souhaite que le Parlement légalise la prostitution » dans un pays qui, en dépit de sa sulfureuse destination de tourisme sexuel, n’a jamais permis aux travailleurs et travailleuses de cette branche de mener leurs activités en toute légalité.

Le mépris dont peuvent faire l’objet les « katoey » (expression thaïe pour dire « travesti » mais qui signifie aussi « fruit dont les graines n’ont pas mûri »), Pauline le connaissait déjà ; mais elle n’a pas tardé à s’apercevoir que « sortir de la boîte » pour s’aventurer sur des territoires encore mal explorés par les personnes comme elle ne lui a pas valu que des soutiens : « Sur les réseaux sociaux, j’ai été la cible de commentaires très péjoratifs, du style : pourquoi tu ne te trouves pas un boulot de maquilleuse ? Habille-toi en femme mais ne t’occupe pas de politique ! Les Thaïlandais ont beau adopter une attitude neutre envers les transgenres, au fond d’eux-mêmes ils éprouvent à notre égard des sentiments pour le moins mitigés. »

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