En Syrie, les familles de prisonniers face au virus du silence

0
108

[ad_1]

AMALS HEALING AND ADVOCACY CENTER

Par

Publié aujourd’hui à 03h49

Elles sont syriennes, réfugiées en Turquie, en Jordanie, au Liban, en Grèce, en Allemagne ou au Royaume-Uni. Elles ont subi la guerre et tous ses maux : la terreur et les bombes, les destructions, les déchirures, la traque, l’exil. Elles ont vu mourir des voisins, des amis, de la famille. Elles ont quitté leur maison, les lieux de leur enfance ; laissé parfois derrière elles de vieux parents qui ne pouvaient les suivre ; subi dans leur fuite humiliations, harcèlements, chantages. Leurs nuits ne sont jamais tranquilles ; depuis longtemps, les rêves ont déserté.

Ne restent que des souvenirs, de l’amertume, les traumatismes. Et pour toutes celles qui ont souhaité nous parler, une obsession qui les maintient en vie et les empêche de vivre : un mari, un père, un fils, un oncle, arrêtés par la police du régime syrien et disparus dans ses geôles sans qu’on ne sache plus rien.

Des milliers de questions sans réponse

Pas un mot, pas une information, pas le moindre acte d’accusation ni la moindre procédure. Aucun moyen de se défendre, aucune adresse où se rendre. Des milliers de questions sans réponse. Juste la forte suspicion d’un emprisonnement dans des centres de tortures qu’Amnesty International a décrits comme « des abattoirs humains ». Et un deuil impossible. Circulez, oubliez, il n’y a rien à voir. Silence. Les disparus semblent rayés de tous les registres officiels comme de la surface de la terre. Au moins 83 000 encore aujourd’hui, estime le Réseau syrien pour les droits humains qui documente chaque cas.

Lire aussi A Damas, un « abattoir humain » au cœur de la crise syrienne

Or voilà que le coronavirus a ravivé l’angoisse de ces familles. Voilà que des histoires circulent à l’intérieur et à l’extérieur de la Syrie, qui les affolent et les laissent imaginer une hécatombe dans le réseau de prisons et centres de détention du régime d’Assad, l’officiel et le clandestin que personne n’a le droit de visiter. Et voilà qu’à la suite des 43 ONG qui, le 16 mars, ont exhorté le gouvernement syrien à relâcher les prisonniers politiques dans la perspective du coronavirus, suivies par l’émissaire de l’ONU réclamant des mesures urgentes pour assurer des soins de protection dans tous les lieux de détention, des épouses, mères, sœurs, nièces de disparus nous ont spontanément contactés pour dire leur panique et attirer l’attention sur le sort des détenus secrets.

Amal Al Nasin, avocate syrienne et militante des droits de la personne, est directrice du centre d’aide aux réfugiés Amals Healing and Advocacy Center, installé à Antakya, en Turquie, ici, le 16 mars 2019.
Amal Al Nasin, avocate syrienne et militante des droits de la personne, est directrice du centre d’aide aux réfugiés Amals Healing and Advocacy Center, installé à Antakya, en Turquie, ici, le 16 mars 2019. AMALS HEALING AND ADVOCACY CENTER

« Ce sont les plus vulnérables des vulnérables ; si le Covid-19 est introduit en prison, il va les décimer », alerte ainsi Amal Al-Nasin, avocate et présidente du Centre Amals Healing and Advocacy pour les familles de réfugiés, qui nous parle depuis Antakya, en Turquie, où elle est exilée depuis 2012. Elle n’a bien sûr jamais visité les centres des services secrets dans lesquels s’entassent les prisonniers arrêtés hors système légal. Mais elle se fonde sur les rapports publiés par Amnesty International, Human Rights Watch, le Réseau syrien pour les droits humains, ainsi que sur les témoignages de prisonniers enfuis, échangés ou libérés, qu’elle recueille depuis les débuts de la révolution, en mars 2011.

Il vous reste 74.86% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: