En Syrie, deux femmes dans la débâcle de l’EI

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Une djihadiste française et une autre belge racontent leur quotidien, de la chute de Rakka à celle de Baghouz.

Par Hélène Sallon Publié aujourd’hui à 11h20

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Elise, Myriam et la fille de cette dernière dans le camp de déplacé d’Al-Hol, en Syrie, en mars.
Elise, Myriam et la fille de cette dernière dans le camp de déplacé d’Al-Hol, en Syrie, en mars. LAURENCE GEAI POUR “LE MONDE”

Des dizaines de milliers de femmes en niqab noir et de jeunes enfants hagards s’entassent dans de grandes tentes blanches qui s’étalent à perte de vue. Le camp de déplacés d’Al-Hol, dans le nord-est syrien, n’a rien de l’image idyllique qu’Elise et Myriam (les noms ont été modifiés) s’étaient faite de leur vie sous l’autorité de l’organisation Etat islamique (EI). Sorties à contrecœur le 5 mars de l’enfer de Baghouz, le dernier réduit du « califat », à 400 kilomètres plus au sud, tombé aux mains des Forces démocratiques syriennes (FDS) le 23 mars après trois mois de siège et de combats, les deux djihadistes – respectivement belge et française – disent pourtant n’avoir ni remords ni regret.

Après avoir vécu pendant cinq ans ce qu’elles appellent une vie « normale » sous le califat en Syrie, elles ne savent pas de quoi leur avenir sera fait. Si ce n’est qu’il restera lié à l’EI, sous l’emprise duquel elles restent. « Le califat, c’est un idéal qu’on a voulu, qui fait partie de notre islam. Mais, il va s’éteindre », reconnaît Elise, rencontrée dans la zone de réception du camp d’Al-Hol.

Myriam la coupe, pour la contredire. « La victoire nous sera donnée. Le Daoula [« Etat » en arabe] a préparé la suite et tout est possible ici », veut-elle croire. Ce qu’elle a vécue à Baghouz n’altère en rien sa foi en l’EI. « Dans le califat, il y a eu des fautes comme partout, il faut le temps de s’adapter, d’apprendre de ses erreurs. Il n’a pas pu prospérer car on était en temps de guerre », dit Myriam.

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Désormais obligée d’utiliser des béquilles, Myriam ne s’est résolue à quitter Baghouz que parce qu’elle était devenue un « poids mort » après avoir été blessée par balle à la jambe gauche, le 1er mars. Son mari l’a poussée à partir avec leurs trois enfants âgés de 2 à 11 ans. « C’est difficile de se dire qu’on a enduré tout cela, qu’on a vu les enfants souffrir, surtout de la faim, pour partir chez ceux qui sont responsables de cette souffrance », dit-elle des FDS. Elise, elle, est soulagée. Fin février, depuis Baghouz, elle confiait déjà sur WhatsApp son envie de sortir. « Je ne me voyais pas rester, c’était terrorisant, explique-t-elle. On voulait juste attendre le dernier jour de la trêve, rester le plus de temps possible en famille. On savait qu’on serait séparés après, on ne sait pour combien d’années. »

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