En Syrie, dans une prison de djihadistes coupés du monde

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Depuis l’intervention turque dans le nord du pays, les télévisions ont été retirées des cellules réservées aux membres de l’Etat islamique qui n’ont pas appris la mort de leur ancien chef suprême, Abou Bakr Al-Baghdadi.

Par Publié aujourd’hui à 11h41

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Le 28 octobre 2019, dans une prison du Nord-Est syrien, des détenus étrangers de l'Etat islamique partagent un déjeuner dans la cellule qui leur est exclusivement réservée.
Le 28 octobre 2019, dans une prison du Nord-Est syrien, des détenus étrangers de l’Etat islamique partagent un déjeuner dans la cellule qui leur est exclusivement réservée. LAURENCE GEAI POUR LE MONDE

Il existe au moins un endroit en Syrie où l’on ignore encore la mort d’Abou Bakr Al-Baghdadi. Il s’agit d’une pièce de moins de quarante mètres carrés, sans fenêtres, reliée au reste du monde par une porte métallique qui, le plus souvent reste fermée par un imposant verrou. Les quelque trente hommes aux regards défaits qui y demeurent – Russes, Tunisien, Algériens, Britannique, Saoudien… – ont compté parmi ses partisans.

Sous les vêtements qui pendent aux cordes à linge et la lumière crue des néons, sur la couche rêche de leurs lits superposés à trois étages, certains d’entre eux gardent de son commandement un souvenir nostalgique, et nombre d’entre eux portent sur leurs corps mutilés les stigmates des batailles menées en son nom.

Mais dans cette cellule pour étrangers d’une grande prison du Nord-Est syrien tenue par les forces de sécurité kurdes et réservée aux détenus de l’Etat islamique (EI) arrêtés au fil des défaites essuyées par le groupe depuis 2015 face aux Forces démocratiques syriennes (FDS), aucun ne sait que, deux nuits plus tôt, leur ancien chef suprême a été éliminé.

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Un homme amputé des deux jambes, le dos contre l’armature en métal de son lit, pose une question avec un accent britannique typique : « Vous pouvez nous dire ce qui se passe dehors ? » Peu avant le début de l’intervention turque dans le nord de la Syrie, leurs gardiens ont retiré les télévisions des cellules de la prison, de peur que les détenus se rebellent, sentant le chaos venir par le truchement des chaînes satellitaires régionales.

Le Monde a pu avoir accès à ce centre de détention, lundi 28 octobre, à condition de ne pas répondre aux questions des prisonniers sur les événements des dernières semaines. La dernière fois que ces djihadistes emprisonnés ont eu des nouvelles du monde extérieur, les groupes armés proturcs n’étaient pas entrés sur le territoire syrien. Les Etats-Unis n’avaient pas amorcé leur retrait confus du nord-est du pays. Les forces russes et celles du régime syrien n’étaient pas encore entrées sur le territoire tenu par les FDS pour reprendre le contrôle de la frontière avec la Turquie. Et l’homme à qui ils doivent leur présence entre ces quatre murs était toujours en vie.

Conversations à voix basse

Mais la rumeur de l’histoire qui bascule, même étouffée, parvient toujours à faire son chemin, indistincte, grosses de menaces ou d’espoir. « On sent que ça bouge, ils ne veulent pas qu’on sache ce qu’il se passe… », glisse le prisonnier britannique sans attirer l’attention des gardiens qui restent à distance tandis que ses nombreux compagnons de cellule partagent des conversations à voix basse, pieds nus sur la moquette à gros motifs qui recouvre le sol de la pièce. Depuis la cellule, on entend passer plus d’avions que d’habitude dans le ciel syrien. Quelque chose a peut-être changé dans l’attitude du personnel pénitentiaire ? Un détenu confiera que certains gardiens tiennent moins bien leur langue que d’autres.

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