En Russie, l’Etat de droit en question

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La libération d’un journaliste russe, faussement accusé de trafic de drogue, intervient dans un contexte où les dérives de la justice font débat jusque dans les milieux d’affaires.

Par Publié aujourd’hui à 06h30

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Analyse. La présence d’un invité de marque, le président chinois, Xi Jinping, censée célébrer une nouvelle « ère de l’amitié » sino-russe, n’a pas suffi à combler l’absence d’un quasi-inconnu, Michael Calvey. Cet investisseur américain, présent depuis plus de vingt ans en Russie, à la tête du fonds Baring Vostok Capital Partners, ne figurait pas, comme chaque année, parmi la cohorte de personnalités et de businessmen conviés, du 6 au 8 juin, au Forum économique de Saint-Pétersbourg. M. Calvey avait une excuse : il est en résidence surveillée à Moscou, accusé, malgré ses dénégations, de « fraude massive » au détriment d’un partenaire russe.

Au même moment, un autre scandale empoisonne le « Davos russe », conçu comme une vitrine politique et économique chère à Vladimir Poutine. Un journaliste réputé pour ses enquêtes sur la corruption, Ivan Golounov, est interpellé, le 6 juin, à l’ouverture du forum, et placé lui aussi en résidence surveillée pour « trafic de drogue ».

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Photos à l’appui, la police affirme avoir trouvé quelques sachets de méphédrone, un produit de synthèse, dans son sac à dos et à son domicile. Mais, fait rarissime, le journaliste de Meduza – une rédaction russe délocalisée en Lettonie pour rester libre – est libéré peu de temps après sous la pression de la rue, qui dénonce un coup monté et des pratiques policières véreuses trop familières. De fait, les « preuves » se révèlent être pure invention, et, sans tarder, toutes les poursuites sont abandonnées. Il fallait démontrer en urgence que l’Etat de droit n’est pas une vaine notion en Russie.

Personne n’est à l’abri

En apparence, les affaires Calvey et Golounov n’ont rien à voir. Elles posent pourtant toutes deux la question de la primauté du droit dans un pays dont la réputation, dans ce domaine, ne cesse de se ternir. Selon un rapport présenté en mai par Tatiana Moskalkova, déléguée des droits de l’homme auprès du Kremlin, le taux d’acquittement dans les affaires pénales s’élevait, en 2018, à 0,25 %. Un chiffre au ras des pâquerettes, pourtant en régression de 20 % par rapport à l’année précédente… Dans une enquête parue en mars, le journal indépendant Novaïa Gazeta avait épluché quelque 780 000 décisions de justice avant de parvenir à la conclusion que près de 7 % des verdicts coïncidaient, « avec les mêmes formulations, les mêmes phrases, excepté les noms et les dates ». Autrement dit, du copié-collé.

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