« En privant Floyd de souffle, Chauvin a rendu inaudible le silence de Hong-Kong »

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Tribune Dans ses romans historiques, l’écrivain Eric Vuillard développe une idée, une intuition qu’il répète et vérifie à travers le récit romancé des grands moments de l’Histoire : l’Histoire n’est pas l’incarnation d’une idée qui s’accomplirait dans le monde (Hegel) ; l’Histoire n’est pas non plus le produit de surface des forces économiques profondes (Marx). Car l’Histoire avec un grand H n’existe pas : elle n’existe pas au moment où elle se fait, elle n’existe que par après, dans notre réécriture rétrospective (Bergson).

Avant l’Histoire, il y a des histoires : sous la prise de la Bastille, plutôt que réalisation de l’Esprit ou manifestation de l’ascendance des forces bourgeoises, il y a Jean Rossignol, Louis Tournay, Stanislas Maillard, Marie Choquier…

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On se pense toujours impuissant face aux péripéties du monde. On pense qu’on est dépourvu de sa capacité d’agir (d’agency), que ce sont eux (les riches, les puissants, le CAC40, les grands) qui font le monde. Parfois pourtant l’homme agit – ce qu’il fait (en bien ou mal) laisse une trace, entraîne des effets qui en dépassent infiniment la cause.

Une position parallèle Chine Etats-Unis

Un film, un roman un jour, nous raconteront ce que Derek Michael Chauvin (dont le nom résonne en français comme une prédestination) avait fait la veille, son humeur le matin en allant au bureau et quand il fut appelé à la rescousse par Thomas Lane et J. A. Keung vers huit heures du soir pour maîtriser un suspect. Ils nous diront aussi ce qui se passait dans sa tête quand il mit son genou sur le cou de Georges Floyd : la somme de frustrations personnelles que cela pouvait exprimer, le passif des réprimandes qu’il avait déjà reçu, ou l’influence de ses relations avec Floyd au moment où il travaillait alternativement avec lui comme videur au Latin Club de Minneapolis.

Ce qui semble sûr en tout cas, c’est qu’était absent de son esprit tout ce qui allait être la conséquence de son acte : les émeutes d’Halifax à Eureka, de Coral Glabes à San Diego, les magasins éventrés, les voitures brûlées, les 50 secondes de silence de Justin Trudeau avant de répondre à la question de ce qu’il pensait des événements aux Etats-Unis, le discours de Carrie Lam, la cheffe de l’exécutif de Hong-Kong, sur « le double standard » de l’Amérique de Trump, la Une des journaux de Corée du Nord sur les insurrections et le « chaos » états-uniens.

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Partout en Chine, en ce moment, les commentateurs pro-régime (il n’en est guère d’autres qui se fassent encore entendre) passent en boucle les images de la voiture de police forçant son passage contre les manifestants à Brooklyn, en évoquant la « duplicité » de Trump et Pompéo : condamnant la répression à Hong-Kong mais usant de la manière forte contre les « antifascistes » aux Etats-Unis.

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