« En Occident, les camps de la honte »

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L’Europe et les Etats-Unis affirment avoir réussi à gérer l’afflux de migrants : il n’en est rien. Cette impuissance est un affront aux valeurs qu’ils prétendent défendre, estime dans sa chronique Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 03h01 Temps de Lecture 4 min.

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Distribution alimentaire dans un camp de migrants à Tamaulipas, au Mexique, le 26 juin.
Distribution alimentaire dans un camp de migrants à Tamaulipas, au Mexique, le 26 juin. LOREN ELLIOTT / REUTERS

Il ne lâche rien. Il y a six ans, le pape François choisissait Lampedusa, une île italienne au sud de la Sicile, pour sa première sortie hors du Vatican et y dénonçait « la mondialisation de l’indifférence » à propos des réfugiés engloutis par la Méditerranée. Le symbole était fort. Un pape osait enfin. La formule fit mouche.

Vraiment ? Six ans plus tard, lundi 8 juillet, le chef de l’Eglise catholique a jugé utile de rappeler que « les migrants sont avant tout des êtres humains ». Peut-être cette vérité première s’adressait-elle d’abord au ministre italien de l’intérieur, un certain Matteo Salvini, qui se rendait mardi à son tour en Sicile pour fermer triomphalement, près de Catane, ce qui fut un moment le plus grand camp de migrants en Europe – plus de 4 000 s’y trouvaient en 2014. Prévu pour 3 000 personnes, ce site, lieu de tous les trafics, était devenu un enfer.

Lire aussi. Le pape François : « Les migrants sont le symbole de tous les exclus de la société globalisée »

Si M. Salvini, chef de la Ligue d’extrême droite, est fier, ce n’est pas parce qu’il a résolu le problème des demandeurs d’asile ; c’est parce qu’il s’est fait élire en 2018 sur l’engagement de fermer ce camp et les ports italiens et qu’il a tenu sa promesse. Eparpillés, les réfugiés errent aujourd’hui à travers l’espace Schengen. Ce sont « les nouveaux juifs de l’Europe », dit une enseignante grecque de Lesbos, où un autre camp abrite près de 5 000 personnes.

L’inhumanité d’un système

Sans doute le pape a-t-il un autre dirigeant en tête lorsqu’il rappelle que les migrants sont des êtres humains : Donald Trump. Le traitement qui leur est réservé n’est guère plus glorieux de l’autre côté de l’Atlantique.

Le président américain avait promis qu’il bâtirait un mur à la frontière avec le Mexique pour empêcher les clandestins d’entrer aux Etats-Unis. Faute d’avoir pu le financer, il a tordu le bras aux dirigeants mexicains pour qu’ils sécurisent leurs frontières et arrêtent le flot des migrants venus du Sud avant qu’ils n’atteignent le Texas ou la Californie. Ceux qui passent sont arrêtés et placés dans des camps, où ils rejoignent des dizaines de milliers d’autres qui attendent de passer devant des tribunaux supposés décider de leur expulsion.

Lire aussi. « Passengers » : une histoire de l’Europe à travers les migrants

La situation dans certains de ces camps est indigne. Des enquêtes de journalistes, des visites de parlementaires et, pour finir, un rapport de l’inspecteur général du département américain de la sécurité intérieure ont révélé un univers de cellules surpeuplées à l’hygiène déplorable où l’on dort par terre ou debout, sous l’œil de gardiens dépassés.

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