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Jusqu’à l’automne 2018, les Norvégiens ignoraient tout de l’existence de Laila Anita Bertheussen, la très discrète compagne du ministre de la justice de l’époque, le populiste Tor Mikkel Wara. Frêle, le visage fin sous une frange droite, cette femme au foyer de 55 ans, mère de deux enfants, avait toujours fui les projecteurs. Aujourd’hui, elle se retrouve accusée de menaces et tentatives d’intimidations contre son compagnon, avec l’intention d’incriminer un tiers.
Son procès s’ouvre mardi 8 septembre à Oslo. Il devrait durer dix semaines. Laila Anita Bertheussen, qui risque jusqu’à 16 ans de prison, est mise en cause, par les services de renseignement norvégiens (PST), dans huit incidents. Elle n’a jamais cessé de nier. « C’est une affaire unique et une des plus bizarres de l’histoire politico-judiciaire en Norvège », constate le journaliste Harald Stanghelle.
Tout a commencé en novembre 2018. A Oslo, le théâtre Black Box, une institution culturelle de la capitale norvégienne, subventionnée par les pouvoirs publics et dirigée par la Française Anne-Cécile Sibué-Birkeland, présente la pièce Ways of Seeing. Elle est produite par trois artistes. Leur ambition : « Cartographier les réseaux » qui veulent faire de la Norvège « une société plus raciste ». Pour les besoins de la mise en scène, elles ont filmé les résidences privées de responsables politiques et d’éditeurs de sites Internet d’extrême droite, ainsi que celles de leurs financeurs principaux. Les images sont projetées sur scène.
Images légales mais controversées
Dans la presse, les critiques sont plutôt positives, même si des journalistes évoquent le malaise provoqué par des images tournées en cachette. « Les prises montrent pourtant l’équivalent de ce que l’on peut voir sur Google Maps », remarque Anne-Cécile Sibué-Birkeland. Les façades ont été filmées de loin, derrière des buissons. Selon la directrice du théâtre, « un avocat a été consulté, lorsque la polémique a commencé à enfler, et il a confirmé qu’il n’y avait rien d’illégal ».
Mais très vite, des sites Internet d’extrême droite s’emparent de l’affaire. La première maison filmée est celle du ministre de la justice. Tor Mikkel Wara appartient au Parti du progrès (FrP), une formation anti-immigration, qui siège au gouvernement depuis 2013. Député au début des années 1990, il a ensuite fait carrière dans une société de lobbying, avant de revenir à la politique en 2018.
Quelques jours après la première de la pièce, sa compagne vient la voir. « Elle est restée debout et elle a filmé pendant une demi-heure, ce qui est interdit », raconte Anne-Cécile Sibué-Birkeland. Le 1er décembre 2018, Laila Anita Bertheussen signe une chronique dans le journal VG, où elle accuse le théâtre de « grave invasion de [sa] vie privée ».
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