En Mauritanie, un sommet du G5 Sahel dans l’attente pressante de « victoires contre le terrorisme »

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La base de la force « Barkhane » à Niamey, au Niger, le 19 décembre 2019.
La base de la force « Barkhane » à Niamey, au Niger, le 19 décembre 2019. DAPHNE BENOIT / AFP

Un épais vent de sable souffle sur Nouakchott, floutant la vision, brouillant les perspectives et interdisant nombre d‘atterrissages, sans égard pour la renommée des personnalités transportées. La capitale mauritanienne a accueilli, mardi 25 février, un sommet des chefs d’Etat du G5 Sahel, l’organisation qui réunit avec ce pays le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad dans la lutte contre les groupes djihadistes actifs dans la région. Le G5 Sahel était né ici même il y a six ans et ses succès, tant dans le domaine sécuritaire que dans celui du développement, demeurent pour beaucoup invisibles.

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Plus d’un mois après la réunion tenue à Pau, le 13 janvier, qui permit de clarifier officiellement la relation entre certains pays membres et la France ainsi que d’annoncer un recentrage des opérations militaires sur la zone des trois frontières entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso, là où se concentrent désormais les attaques, le sommet de Nouakchott, auxquels assistaient notamment les ministres des affaires étrangères français et espagnol, s’est conclu par un communiqué rappelant l’urgence de la situation qui prévaut dans la région. En 2019, 1 500 soldats de la région et 4 000 civils ont été tués.

« Dialoguer avec des égorgeurs ? »

Si ce sommet relevait de la réunion ordinaire annuelle, destinée à faire le bilan des actions engagées et à transférer la présidence tournante de l’organisation du Burkinabé Roch Marc Christian Kaboré au Mauritanien Mohammed Ould Cheikh Al-Ghazouani, celui-ci s’est tenu alors que des évolutions significatives ont été enregistrées ces dernières semaines. Au moment où l’ensemble des acteurs admettent, à l’instar d’Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, que « nous ne sommes pas en train de gagner la guerre », des initiatives ont été prises.

Devant « le besoin pressant de victoires contre le terrorisme », rappelé par Moussa Faki, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), la France a annoncé une augmentation du nombre de ses soldats sur le terrain, faisant passer la force « Barkhane « de 4 500 à 5 100 hommes. Un commandement conjoint aux forces françaises et sahéliennes s’installe à Niamey, au Niger. L’armée malienne « reconstituée » avec des éléments de l’ex-rébellion de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) est revenue à Kidal, dans le nord, près de six ans après en avoir été chassée. Enfin, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a fait part de sa disponibilité à dialoguer avec les chefs djihadistes de son pays afin d’« explorer toutes les options pour ramener la paix ».

A Paris comme dans d’autres pays membres du G5 Sahel, cette main tendue est jugée au mieux avec circonspection. « Dialoguer ? Mais de quoi peut-on dialoguer avec des égorgeurs ? Il faut les anéantir » juge sans précaution oratoire un ministre tchadien. Sans vouloir se prononcer sur le fond, Jean-Yves Le Drian rappelle que « la loi malienne interdit l’impunité ». Sous couvert d’anonymat, un diplomate résume : « On ne va pas démentir le président malien, mais nous n’y croyons pas. Nous ne serons pas impliqués dans des discussions et nous taperons jusqu’au bout. Si l’on peut tuer Iyad Ag-Ghali ou Amadou Koufa [deux des principaux chefs djihadistes maliens], on le fera. »

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De fait, les opérations militaires n’ont pas ralenti. Le Niger a annoncé avoir « neutralisé 120 terroristes » le 1er février dans une action conjointe avec la force « Barkhane » dans la région de Tillabéri. L’armée française a mené plusieurs opérations dans la région de Mopti, dans le centre du Mali, entre le 9 et le 17 février. Une cinquantaine de combattants djihadistes liés à la Katiba Macina d’Amadou Koufa ou à l’Etat islamique y ont été « neutralisés » selon l’état-major des armées.

Quelques avancées

La région où se rejoignent les frontières du Mali, du Burkina Faso et du Niger est désormais prioritaire, mais la concentration des efforts militaires sur une zone géographique préoccupe certains, craignant de voir les combattants islamistes reprendre leur stratégie d’évitement pour se réimplanter sur de nouveaux territoires. Une source officielle malienne constate ainsi que « certains groupes sont apparus dans des proportions inhabituelles dans des zones où ils n’avaient pas pignon sur rue, comme dans les régions de Kayes, Nioro du Sahel et Yélimané, près de la frontière mauritanienne ».

Vent de sable dans les rues de Nouakchott, le 24 février 2020, jour du sommet du G5 Sahel qui réunissait les chefs d’Etat et de la diplomatie française, nigérienne, malienne, burkinabé, tchadienne et mauritanienne.
Vent de sable dans les rues de Nouakchott, le 24 février 2020, jour du sommet du G5 Sahel qui réunissait les chefs d’Etat et de la diplomatie française, nigérienne, malienne, burkinabé, tchadienne et mauritanienne. CARMEN ABD ALI/AFP

Davantage que sur le front militaire, c’est sur celui du développement que le sommet de Nouakchott a permis quelques avancées. Les bailleurs se sont résolus à faciliter leurs procédures afin de permettre un acheminement plus rapide des fonds annoncés. Sur les 11,6 milliards d’euros mobilisés au profit de l’Alliance Sahel, la structure censée incarner la liaison sécurité-développement et lancée en 2017, seuls 5 milliards d’euros auraient été effectivement décaissés à ce jour. « Il nous faut adapter notre modèle opérationnel à des zones fragiles, ce qui implique des procédures plus souples, des passations de marchés accélérées », expliquait Diarietou Gaye, la directrice de la stratégie et des opérations de la Banque mondiale en Afrique, quelques instants avant que son institution se dote d’une stratégie d’action spécifique.

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« En raison des problèmes de conditionnalité qui nous sont imposés, nos populations ne voient aucune des annonces se concrétiser, ce qui les désespère et les éloignent de nous », se désole un ministre burkinabé sous couvert d’anonymat. « L’urgence n’est plus de mobiliser les fonds, c’est de réaliser les projets », répond en écho Jean-Yves Le Drian, qui présidait mardi la première assemblée générale de l’Alliance Sahel. Avec le ton diplomatique propre à ce genre de sommet, les chefs d’Etat du G5 Sahel ont eux « exhorté tous les partenaires à davantage de diligence dans le décaissement de leurs annonces. »

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