« En matière de “répression transnationale”, le Biélorusse Loukachenko a réalisé une performance assez rare »

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Le président biélorusse Alexandre Loukachenko lors d’un discours au Parlement, à Minsk le 26 mai 2021.

Un romancier houellebecquien parlerait d’une extension du domaine de la répression. Le détournement d’un vol civil européen puis l’enlèvement de deux de ses passagers – crime perpétré par la Biélorussie d’Alexandre Loukachenko dimanche 23 mai – illustrent l’une des tendances montantes de la scène internationale : la répression transfrontalière.

Les autocrates ne se contentent plus de tyranniser chez eux. Ils exportent leur mode de gouvernement. Ils entendent réprimer, faire taire, intimider, voire torturer et assassiner à l’étranger. Ils forment un club implicite, « autocrates sans frontières », bien décidé à sonner la fin de l’ultime ressource encore à la disposition du dissident politique en régime dictatorial : l’exil. La dissidence n’est pas seulement martyrisée à l’intérieur du régime autocratique. Elle est traquée à l’étranger.

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C’est un peu d’humanité ou de civilisation qui s’en va, un pas supplémentaire dans la brutalisation de la scène internationale en temps de paix, un recul de plus dans l’esquisse d’Etat de droit ébauchée au lendemain de la guerre froide.

Bien sûr, il y a toujours eu des exceptions, de grosses exceptions, mais l’exil des opposants politiques pacifiques semblait obéir à un code de non-intervention assez largement partagé, sinon respecté. C’en est fini de cette zone neutre, de la protection qu’offrait l’expatriation volontaire : pas de répit pour les exilés.

Terrorisme d’Etat

Notre confrère Gideon Rachman, un des commentateurs vedettes du Financial Times, pointait cette évolution au lendemain du détournement du Boeing 737 assurant le vol Ryanair Athènes-Vilnius FR4978. Rachman parlait d’un « précédent dangereux » pour l’Union européenne (UE) – un acte de piraterie aérienne commis entre deux capitales de l’UE, à l’encontre d’une compagnie européenne transportant une majorité de ressortissants de l’UE, suivi d’un double enlèvement.

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Mais ce dernier exemple de terrorisme d’Etat confirme une évolution générale que l’organisation de défense des droits de l’homme américaine Freedom House appelle « la répression transnationale ». Ce type de répression politique « n’est plus exceptionnel, il se normalise, il devient une pratique institutionnelle pour des dizaines de pays qui entendent contrôler leurs ressortissants réfugiés à l’étranger », dit l’ONG dans un récent rapport.

L’assassinat politique dans un pays tiers a toujours été pratiqué. Le numérique, instrument de déterritorialisation, permet aujourd’hui de « travailler » à distance. On fait taire les dissidents expatriés, on intimide les diasporas. Les uns et les autres sont suivis, piégés, espionnés dans leurs transactions numériques. Le chantage à l’emprisonnement des proches restés au pays est courant.

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