En Lituanie, un passé qui fait des histoires

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Publié aujourd’hui à 06h30

Ce sont les manèges, surtout, qui étonnent Jonas. « J’avais oublié qu’ils étaient en métal. Les Soviétiques construisaient pour que ça dure éternellement. » Une de ses amies ajoute en riant : « Aujourd’hui, ils durent à peine quelques années, mais au moins les enfants ne meurent pas quand ils tombent ! » La clairière où se promène le groupe de trentenaires est emplie d’un bric-à-brac de carrousels, de jeux, toujours en métal, comme le canon antichar posé au milieu – le tout garanti d’origine soviétique.

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Le parc de Grutas, le « Gruto Parkas », comme disent les Lituaniens, est une institution dans le petit pays balte et au-delà. « On ne connaît pas une nation au monde dont des habitants ne soient pas venus ici ! » plastronne son directeur, Viliumas Malinauskas. Cet homme d’affaires de 76 ans, ancien dirigeant de kolkhoze, a fait fortune dans le commerce de champignons et d’escargots avant de créer ce parc privé en 2001, « pour qu’on se souvienne », mais aussi, précise-t-il aussitôt, parce que les œuvres exposées « sont dues aux meilleurs sculpteurs lituaniens. Les autorités les avaient choisies avec soin ».

Au parc de Grutas, en 2008.
Au parc de Grutas, en 2008. PETRAS MALUKAS / AFP

Une grande part des monuments érigés par les Soviétiques durant l’occupation de la Lituanie (1940-1941, puis 1944-1991), récupérés au fil des ans, peuplent, sur une vingtaine d’hectares, les longues allées du parc, surplombent ses canaux, entre les hauts conifères de cette région de forêts. Nous sommes au sud-est du pays, près de Druskininkai, une ville d’eau nichée dans une boucle du Niémen. La frontière biélorusse est à quelques kilomètres.

Carambolage de souvenirs

Au total, 128 statues sont réunies au « Gruto Parkas » : Lénine, Staline, divers potentats locaux, des allégories du communisme éclairant le monde… Il y a aussi un zoo, de sorte que les visiteurs sont accueillis d’un côté par un wagon semblable à ceux des déportations au goulag, de l’autre par la cage d’un kangourou albinos. Mais que viennent-ils chercher, ces visiteurs ? Qu’est-ce qui les pousse à se plonger ainsi dans la reconstitution festive d’un monde totalitaire ? Leurs réponses à ces questions n’évoquent pas la terreur, les quelque 150 000 Lituaniens envoyés au goulag entre 1941 et la mort de Staline, en 1953, les plus de 50 000 morts sur la même période – dans un pays de 2 millions d’habitants à l’époque –, ni les décennies de tyrannie insidieuse qui suivirent. Les hymnes soviétiques diffusés dans des haut-parleurs résonnent comme un chant lointain et doux. Une jeune femme résume : « Nous sommes tous des enfants soviétiques, on se rappelle tous quelque chose ici. » Un peu plus loin, une guide touristique reprend la ritournelle : « Ce sont des souvenirs. Des souvenirs douloureux, des souvenirs joyeux. Des souvenirs en tout cas. »

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