En Lituanie, la diaspora biélorusse au diapason de la révolution

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Belarusians gather near Belarusian embassy in Vilnius, Lithuania.

ANDREJ VASILENKO POUR LE MONDE

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Publié aujourd’hui à 06h30

C’est la révolution des absents. La révolution de ceux qui aimeraient en être mais ne le peuvent pas, ceux qui ont le mal du pays ou qui ont peur d’y retourner. C’est la révolution des exilés et des émigrés. La révolution de la porte à côté. Tous les jours depuis le 10 août, les Biélorusses de Lituanie manifestent devant l’ambassade de leur pays, à Vilnius. Ils mènent une révolution miniature contre leur tyran lointain, Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis vingt-six ans et accusé d’avoir volé l’élection présidentielle du 9 août, dont il s’est déclaré vainqueur avec près de 80 % des suffrages. Bien sûr, ce n’est pas ici mais dans les rues de Minsk et du reste de la Biélorussie que tout se joue ; il faut néanmoins en être au moment où tout un pays se découvre une unité et une force insoupçonnées, au moment où la Biélorussie se révèle à elle-même et au monde.

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Le rituel est immuable, même si l’ampleur de la mobilisation dépend du temps qu’il fait, du jour de la semaine et des nouvelles du pays. Autour de 18 h 30, deux ou trois personnes vont chercher des panneaux en bois recouverts sur les deux faces de photos et de textes qu’ils alignent sur le trottoir devant les grilles de l’ambassade, une jolie villa XIXe entourée d’un jardin, genre meringue balte mais sans la chantilly viennoise. C’est dans cette même rue Mindaugo qu’est né Roman Kacew, futur Romain Gary, le 21 mai 1914, comme le rappelle une statue. Sur les panneaux, des photos de corps suppliciés sous la torture, hématomes géants, chairs sanguinolentes, des extraits de rapports médicaux, des photos volées de passages à tabac ; les images, parfois insoutenables, témoignent de la violence de la répression des tout premiers jours après le scrutin contesté, lorsque l’ampleur des manifestations avait pris le pouvoir de court.

Aux abords de l’ambassade biélorusse de Vilnius, le 4 septembre 2020.

Sur le trottoir, le petit groupe grossit peu à peu. On reconnaît les manifestants aux drapeaux rouge et blanc qu’ils brandissent. Ce sont les couleurs de l’ancien grand-duché de Lituanie, lorsque les deux pays vivaient sous le même toit, au Moyen Age : elles furent utilisées par l’éphémère Ire République biélorusse en 1918-1919, avant l’occupation soviétique, et de nouveau de 1991 à 1995, après la chute de l’URSS, avant que le président Loukachenko n’instaure l’actuel drapeau, inspiré de l’ère soviétique – mais sans faucille ni marteau.

« Opposant sans parti »

Les manifestants, masqués, entonnent chansons et slogans. Parfois, une sono diffuse du rock patriotique. « Il y a eu la révolution des fleurs, nous c’est celle des chansons », rigole Nikita, un jeune entrepreneur habillé comme un milord. Effectivement, ce jour-là, Lavon Volski, un célèbre chanteur folk biélorusse, est venu avec sa guitare. Il reprend ses tubes en les modifiant : « N’attends pas, il n’y aura pas de surprise » devient « N’attends pas, il y en a marre d’attendre ». « Quand Loukachenko a été élu pour la première fois, en 1994, j’avais 14 ans. Aujourd’hui, j’ai 40 ans et deux enfants, et lui est toujours là », peste Nikita, qui se définit comme « un opposant sans parti ».

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