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En bordure de forêt, sur les grilles surmontées de barbelés et de caméras qui entourent le poste-frontière de Salcininkai, au sud de la Lituanie, vingt portraits, jeudi 27 mai, sont accrochés à la hâte. Vingt visages souriants parmi lesquels se dessine celui de Roman Protassevitch. Arrêté à Minsk après le détournement, quatre jours plus tôt, d’un avion commercial reliant Athènes à Vilnius, il est le dernier à avoir rejoint la cohorte des journalistes emprisonnés de l’autre côté, en Biélorussie. Organisée par l’ONG Reporters sans frontières (RSF), l’exposition éphémère a attiré deux gardes-frontières biélorusses qui longent ostensiblement, avec un chien, ce que chacun nomme ici le nouveau rideau de fer.
L’ancienne république soviétique dirigée depuis 1994 par Alexandre Loukachenko est quasi coupée du reste du monde. Depuis l’affaire Protassevitch, l’Union européenne (UE) a interdit son espace aérien aux avions biélorusses et les compagnies aériennes européennes ont suspendu leurs vols. La voie terrestre, fermée depuis des mois à l’initiative de Minsk au prétexte de la pandémie de Covid-19, n’est plus accessible, au compte-goutte, qu’aux camions de marchandise, visibles à la sortie du village de Salcininkai.
« Maintenant, nos familles sont prisonnières », se tourmente Hanna Rusinava, correspondante en Lituanie de Belsat TV, une chaîne biélorusse indépendante basée en Pologne dont deux journalistes, à Minsk, ont été lourdement condamnées à deux ans de prison.
« Les Biélorusses n’ont plus, désormais, la possibilité de fuir s’ils veulent échapper au régime », s’inquiète Svetlana Tsikhanovskaïa. Elle-même exilée à Vilnius, la capitale lituanienne, la chef de file de l’opposition biélorusse, ex-candidate à l’élection présidentielle d’août 2020 privée de sa victoire, ne conteste pas la mesure prise par l’UE mais plaide pour « des évacuations d’urgence », un « corridor humanitaire », pour les opposants et les journalistes traqués sans répit par le pouvoir à Minsk. « La situation se détériore », insiste-t-elle, installée dans ses bureaux au sommet d’une tour. « Vingt-neuf journalistes et douze blogueurs sont aujourd’hui en prison. La dernière youtubeuse en liberté, Olga Takachouk, a été arrêtée la semaine dernière », affirme son conseiller Franak Viacorka.
2 142 Biélorusses accueillis en Lituanie
En neuf mois, après les grandes manifestations de protestation en Biélorussie contre la réélection forcée d’Alexandre Loukachenko, la Lituanie a accueilli 2 142 Biélorusses avec un visa humanitaire d’un an, dont 812 « permissions », une procédure allégée, selon les chiffres arrêtés au 27 mai fournis par le ministère de l’intérieur. A cela s’ajoutent « plus de 2 000 visas pour business » qui seraient également « factuellement humanitaires ».
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