En Libye, la ville de Zinten fracturée entre pro et anti-Haftar

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Les combattants originaires de la cité font tout, autour de Tripoli, pour éviter de se retrouver face à face.

Par Frédéric Bobin Publié aujourd’hui à 10h24, mis à jour à 14h14

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Son portrait est accroché aux murs, envahissant. Uniforme vert sombre, épaulettes piquées d’étoiles, regard profond : le maréchal Khalifa Haftar, photo sous verre enchâssée dans un cadre gravé de feuilles dorées, veille sur la pièce meublée d’une table de travail et de fauteuils composant un coin salon. « Le monde entier devrait le remercier car il combat le terrorisme », proclame d’un air admiratif Belgacem Goresh. Chéchia blanche sur la tête, le chibani – personne âgée – se répand en vibrants éloges à la gloire du patron de l’Armée nationale libyenne (ANL), dont les troupes tentent depuis un mois de forcer les défenses de Tripoli. « Tous les patriotes de Libye sont avec lui », ajoute-t-il.

M. Goresh est l’un des soutiens du maréchal Haftar dans la ville de Zinten, une cité de 40 000 âmes juchée sur les hauteurs cabossées du djébel (mont) Nefoussa, à 160 km au sud-ouest de Tripoli. Le plateau pierreux coiffé de nuages bas est aisément accessible ce jour-là par la route en lacets qui escalade les versants du Nefoussa à partir du littoral de la Tripolitaine (Libye de l’ouest).

Dans le bureau de Belgacem Goresh, fidèle allié aux forces du Maréchal Haftar. Zinten, le 27 avril.
Dans le bureau de Belgacem Goresh, fidèle allié aux forces du Maréchal Haftar. Zinten, le 27 avril. Samuel Gratacap pour “Le Monde”

Zinten est tranquille. Nulle trace apparente, ici, de la guerre qui gronde, non loin, aux portes de Tripoli, où s’affrontent, depuis le 4 avril, l’ANL du maréchal Haftar et les forces loyales au gouvernement d’« union nationale » de Faïez Sarraj, reconnu par la communauté internationale. A Zinten, pas de convois de pick-up Toyota hérissés de mitrailleuses ou de colonnes de miliciens, AK-47 en sautoir. Pourtant, l’inquiétude sourd. La guerre hante les esprits, obsédante, à défaut de sévir au coin de la rue.

Grande famille soignant sa cohésion

C’est que Zinten est divisée, coupée en deux camps – les pro-Haftar et les pro-Sarraj –, mais déploie des trésors de subtilité pour éviter que la fracture ne vire au conflit fratricide. « Je prie Dieu que la guerre n’entre pas dans notre ville », sourit en plissant ses yeux clairs Attahar Al-Jeda, l’imam de la principale mosquée de Zinten. Le clerc religieux a deux fils : l’un pro-Haftar, l’autre pro-Sarraj. « Mais je leur ai interdit de partir au front, précise-t-il. Je les ai avertis que s’ils partaient combattre, ils n’étaient plus mes fils, ils ne pourraient plus retourner à la maison familiale. »

Zinten est comme une grande famille soignant avec méthode sa cohésion. En 2011, la ville avait basculé d’un bloc dans le camp de l’insurrection anti-Kadhafi, s’imposant même comme le principal foyer rebelle à l’ouest de Tripoli. Lors de la « deuxième guerre civile » de l’été 2014, elle avait affronté – également unie – au cœur de la capitale les milices de Misrata, la grande cité militaire rivale en Tripolitaine. A l’époque, Zinten avait rallié le camp de l’ANL d’Haftar dans sa campagne militaire contre les « islamistes » et les « terroristes » censés prospérer, selon le hiérarque militaire, autour de Misrata.

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