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Poser les bases de la paix en Libye, tout en évitant les ingérences étrangères : c’est l’objectif ambitieux dont ont discuté les dirigeants des principaux pays impliqués dans le conflit qui déchire Tripoli, réunis dimanche 19 janvier à Berlin. Ce sommet sous l’égide de l’ONU, qui rassemblait onze dirigeants étrangers, dont Vladimir Poutine, Emmanuel Macron, Boris Johnson, Recep Tayyip Erdogan et Angela Merkel, s’est ouvert en début d’après-midi vers 14 heures. Il devrait se terminer – tard dans la soirée – par l’adoption d’une déclaration commune négociée depuis plusieurs semaines, dans un contexte de fragile trêve des combats sur le terrain.
Outre la fin des immixtions étrangères dans ce pays plongé dans le chaos et la guerre civile, sur fond d’appétits pétroliers et de rivalités politiques régionales, l’accord devrait comprendre un engagement à respecter l’embargo sur les livraisons d’armes – décrété en 2011 par l’ONU mais largement resté lettre morte. Un appel à un arrêt « total » et durable des hostilités sur le terrain entre les deux camps rivaux – l’homme fort de l’Est du pays, Khalifa Haftar, et le gouvernement libyen d’union nationale de Tripoli reconnu par l’ONU, le GNA – doit aussi être lancé.
Une force internationale
Enfin, le débat sur l’éventuel envoi sur place d’une force internationale pour en vérifier la réalité devrait également occuper les discussions. L’idée avait été en partie relancée samedi, à la veille de la conférence, par le chef du GNA, Fayez Al-Sarraj. « Si Khalifa Haftar ne met pas un terme à son offensive, la communauté internationale va devoir intervenir avec une force internationale de protection de la population civile libyenne », a-t-il affirmé dans un entretien au quotidien allemand Die Welt.
L’idée a progressé dimanche auprès d’une partie des dirigeants des onze pays participants à la conférence. « S’il y avait un cessez-le-feu, nous pourrions évidemment faire ce que nous faisons très bien, c’est-à-dire envoyer des gens, des experts pour surveiller ce cessez-le-feu », a ainsi annoncé le premier ministre britannique, Boris Johnson, à son arrivée à Berlin.
« Vive inquiétude »
Sans attendre la fin du sommet, le président français a demandé également que « cesse » l’envoi à Tripoli de combattants syriens pro turcs, en soutien au gouvernement local soutenu par l’ONU. « Je dois vous dire la vive inquiétude que m’inspire l’arrivée de combattants syriens et étrangers dans la ville de Tripoli », a déclaré Emmanuel Macron.
Ankara est accusé d’avoir dépêché quelques centaines de combattants syriens sur place, en soutien à Fayez Al-Sarraj, chef du GNA et en grande difficulté face à l’offensive de son rival, le maréchal Khalifa Haftar, qui contrôle les trois-quarts du territoire libyen. « Ceux qui croient pouvoir en tirer bénéfice ne réalisent pas les risques qu’ils prennent pour eux-mêmes comme pour nous tous », a ajouté le président français.
La présence de mercenaires russes en Libye, cette fois pour soutenir le maréchal Haftar, homme fort de l’est libyen, est également soupçonnée et la communauté internationale craint de voir le conflit dégénérer en « nouvelle Syrie » en s’internationalisant davantage.
Une guerre par procuration
Le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, a ainsi jugé à Berlin « nécessaire la fin de toutes les interventions étrangères », dans un message sur Twitter. « Vous avez affaire fondamentalement à une guerre par procuration pilotée par des forces extérieures, qu’il s’agisse de la Russie et de l’Egypte d’un côté et de la Turquie et d’autres de l’autre côté (…) la population libyenne a assez souffert, il est temps que ce pays aille de l’avant », lui a fait écho le chef du gouvernement britannique Boris Johnson, sur la chaîne Sky en arrivant dans la capitale allemande.
A la veille du sommet, les forces du maréchal Haftar ont paru vouloir envoyer un message à la conférence de Berlin en bloquant les principaux terminaux pétroliers de l’est du territoire libyen. Une manière pour elles de protester contre l’intervention turque.
L’ONU espère surtout que cette conférence renforcera le cessez-le-feu entré en vigueur à l’initiative de la Russie et la Turquie. Jusqu’ici, la trêve a été plus ou moins respectée entre les deux camps rivaux aux portes de la capitale. Mais des escarmouches sont signalées presque quotidiennement, y compris le jour du sommet au sud de Tripoli.
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