En Jordanie, le combat pour protéger les femmes menacées de « crimes d’honneur »

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« Je n’ai pas commis de faute pour mériter d’être tuée. » Entre 15 et 20 meurtres de femmes ont lieu chaque année dans le royaume hachémite.

Par Publié aujourd’hui à 10h32, mis à jour à 17h28

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En 2000, à Amman, lors d’une manifestation contre une législation autorisant les crimes d’« honneur » contre les femmes.
En 2000, à Amman, lors d’une manifestation contre une législation autorisant les crimes d’« honneur » contre les femmes. JAMAL NASRALLAH / AFP

En demandant le divorce, à deux reprises, Meriem (le prénom a été changé) pensait s’affranchir de mariages qu’elle n’a pas choisis. Ses parents ont été ulcérés par la première séparation. On lui a désigné un nouvel époux. Ils ont jugé insupportable la seconde. Ses oncles ont tenté de la tuer. Elle a survécu à la rafale de tirs, mais blessée, elle a été amputée d’une jambe. « Je n’ai pas commis de faute pour mériter d’être tuée », s’insurge la jeune femme de 39 ans, au téléphone : elle a quitté la Jordanie – c’était une question de survie.

Meriem fait partie des Jordaniennes qui ont réchappé à un crime dit d’« honneur », ce meurtre commis par un frère, un mari, un père, un oncle, contre une femme accusée d’avoir souillé la réputation de la famille. Souvent, une relation sexuelle avant le mariage, ou adultère – illégale dans le royaume hachémite –, réelle ou suspectée, voire un divorce, à cause du scandale qu’il faut étouffer à tout prix.

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Jusqu’à son départ, la traque dont Meriem était l’objet n’a jamais cessé : après avoir été prise pour cible, elle a vécu « trois ans de clandestinité », changeant de maison et de téléphone. Elle a aussi été brièvement placée en prison, une mesure longtemps appliquée pour « protéger » les victimes exposées à un « crime d’honneur ». « J’ai songé à me suicider », dit-elle. D’autres femmes ont passé de longues années derrière les verrous.

Un refuge aux portes d’Amman

C’est pour mettre fin à ces incarcérations injustes, et pour aider les femmes en danger de mort à prendre un nouveau départ, que le royaume a ouvert, durant l’été 2018, un refuge aux portes d’Amman, Dar Amneh. Vue de l’extérieur, cette maison, dont l’adresse est tenue secrète, ressemble aux autres bâtisses du voisinage, à quelques nuances près : le mur d’enceinte surélevé, les policiers en faction, les multiples caméras de vidéosurveillance.

Près de soixante femmes ont été accueillies depuis l’ouverture de cet abri géré par le ministère du développement social, avec le concours d’ONG. Les premières pensionnaires ont été transférées directement de prison ; d’autres ont été envoyées par les services de protection. « C’est une immense victoire qu’elles aient échappé à la détention », se réjouit Raghda Al-Azzeh, la jeune directrice de ce centre d’accueil et de réhabilitation. Cette travailleuse sociale, passionnée, est frappée par le manque d’autonomie de ces femmes, souvent trentenaires, à leur arrivée : leur confiance a été démolie. Les protéger et rebâtir cette estime personnelle sont ses priorités. « Nous voulons aussi changer le regard de la société sur elles », dit-elle.

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