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Il arrive souvent, en politique, qu’un destin doive autant aux circonstances qu’à la pure logique. S’il fallait démontrer une nouvelle fois cette loi universelle, le parcours du premier ministre italien, Giuseppe Conte, serait sans doute l’exemple le plus éloquent qui soit.
Arrivé au pouvoir dans le rôle du parfait inconnu, en juin 2018, ce juriste de 55 ans, né dans les Pouilles, en 1964, et vierge de toute expérience politique – même s’il était considéré comme proche des positions du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) –, s’est progressivement imposé dans le monde mouvant et incertain des jeux de pouvoir romains. En quelques mois, les Italiens se sont habitués à son phrasé complexe, à ses costumes impeccables – quoique un peu trop ajustés –, et à son infinie capacité à défendre les compromis politiques les plus alambiqués.
Après avoir dirigé, de juin à août 2019, le gouvernement le plus eurosceptique de l’histoire italienne, formé de la coalition du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue de Matteo Salvini (extrême droite), il s’est mué en un rien de temps, et sans difficultés apparentes, en proeuropéen convaincu. Le Parti démocrate (centre gauche), dont il dénonçait il y a peu de temps encore le bilan désastreux, est devenu son allié, tandis que Matteo Salvini, qu’il a longtemps défendu sans état d’âme, devenait en un clin d’œil son adversaire le plus acharné…
Parlement en sommeil
Mercredi 22 avril, Giuseppe Conte s’est rendu au palais du Quirinal, siège de la présidence de la République, pour évoquer avec le chef de l’Etat, Sergio Mattarella, la position italienne, à la veille d’un sommet des Vingt-Sept consacré aux conséquences de la crise du coronavirus sur les économies européennes, et pour lequel il a déjà prévenu ses partenaires qu’il n’acceptera pas de « compromis au rabais », prônant une mutualisation des dettes liées aux effets de l’épidémie. Les derniers sondages de popularité le créditent de plus de 60 % d’opinions favorables, en progression de 20 points depuis le début de la crise sanitaire, loin devant son ancien ministre de l’intérieur devenu le chef de file de l’opposition, Matteo Salvini. Lui qui était entré en scène dans la peau d’un figurant est devenu, au fil du temps, un personnage central. Depuis le début de la crise, il gouverne par décrets, tandis que l’activité du Parlement, véritable cœur de la démocratie italienne, est en sommeil.
A la faveur de l’urgence sanitaire, ce qui était son principal handicap – le fait de ne pas disposer d’un parti à sa main – est devenu un atout considérable
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