« En Iran, les femmes sont les boucs émissaires d’un régime aux abois »

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La nouvelle condamnation de l’avocate Nasrin Sotoudeh illustre la volonté de Téhéran d’écraser le mouvement féministe pour faire oublier ses échecs, analyse, dans une tribune au « Monde », le directeur d’études à l’EHESS.

Publié aujourd’hui à 11h19 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Emprisonnée depuis cinq ans, l’avocate iranienne Nasrin Sotoudeh vient d’être condamnée à dix années supplémentaires. A cette peine s’ajoutent 148 coups de fouet. La dureté de la sanction prise à l’encontre de cette militante des droits de l’homme laisse croire que le gouvernement iranien est à la recherche d’expédients pour faire oublier l’échec de sa politique. Ses promesses sont toutes restées sans lendemain : le développement économique, la justice sociale, la concorde au nom de l’oumma musulmane, la promotion de l’islam dans le monde – toutefois, rien n’est fait pour les musulmans réprimés en Chine par millions, de peur de rendre Pékin furieux… Face aux colères qui s’accumulent, la classe dirigeante a désigné les femmes comme boucs émissaires et a choisi de réduire au silence Nasrin Sotoudeh, grande figure du féminisme iranien.

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L’échec du développement économique est patent : en 1979, l’année de la révolution à Téhéran, le PIB par habitant était deux fois plus important en Iran qu’en Turquie ; à présent, c’est l’inverse. Et pourtant, l’Etat tarde à réviser ses priorités de politique économique. L’agriculture aurait besoin d’aides publiques pour faire face au défi du réchauffement climatique, dont les effets se font déjà durement sentir dans ce pays, mais les autorités refusent d’admettre qu’il faut prendre des mesures d’urgence. Pendant ce temps, le clergé continue de se voir allouer une part conséquente du budget de l’Etat – les sommes qu’il reçoit sont comparables à celles accordées à l’éducation nationale. Autre poste de dépenses important : la politique étrangère. Téhéran finance le Hezbollah, le régime syrien ainsi que différents groupes islamistes dans la région.

Ces défaillances de l’Etat font de la question des femmes un enjeu crucial pour le régime théocratique en place à Téhéran. Leur infériorité juridique ne suffit pas ; elles doivent également payer pour les échecs du gouvernement. La brutalité dont les autorités font preuve à leur égard et leur soumission assurent la mise au pas de la société dans son ensemble, tout en préservant l’honneur masculin. La sentence prononcée contre Nasrin Sotoudeh est ainsi un nouvel exemple de la nature répressive d’un pouvoir aux abois, méprisant ses citoyens.

« Une nouvelle génération de femmes a tenté de remettre en cause les discriminations sociales, l’inégalité devant la loi concernant le mariage, le divorce, l’héritage ou l’emploi »

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