En Iran, la société civile prise entre deux feux

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La montée des tensions internationales rend inaudibles les revendications sociales et politiques dans le pays.

Par Publié aujourd’hui à 11h00

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A Téhéran, le 15 juin.
A Téhéran, le 15 juin. ATTA KENARE / AFP

Mettre en œuvre « l’ordre militaire ». Cette expression, lancée par le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, revient sans cesse, depuis des semaines, dans les discours officiels en Iran. Cette injonction est adressée avant tout à la population, invitée à montrer un front uni dans « les circonstances critiques actuelles », plutôt que d’exprimer ses revendications ou de s’opposer aux politiques de l’Etat. Alors que les incidents susceptibles de provoquer une escalade avec les Etats-Unis se multiplient dans la région, les voix critiques sont systématiquement accusées de collusion avec les « ennemis de l’étranger ».

A la mi-mai, des étudiants de l’université de Téhéran, établissement d’élite et vivier de militantisme politique, ont tenté de se mobiliser. Ils manifestaient contre la surveillance redoublée qu’exerce la police des mœurs dans l’établissement, où règne traditionnellement un relatif laisser-faire. Amin (les prénoms ont été modifiés), constate, dépité, que le mouvement n’a guère porté ses fruits. « En ce moment, les durs qualifient toute contestation de feu vert donné à Donald Trump pour qu’il attaque l’Iran. C’est pareil pour toute revendication concernant les droits des ouvriers. La réponse n’est que la tension et la confrontation », regrette cet étudiant de 21 ans.

« Eléments de gauche radicale »

Certes, les employés de l’université ont, depuis la mi-mai, cessé de s’en prendre aux étudiants, surtout aux filles, qui portent des vêtements jugés insuffisamment couvrants. Les menaces de convocations auprès de la direction de l’université n’ont plus cours. En République islamique, les femmes sont tenues de se couvrir le corps, sauf le visage et les mains, mais dans les faits, cette règle n’est pas appliquée à la lettre. Dans certaines universités, les hommes doivent, quant à eux, porter des chemises à manches longues.

Mais les manifestants et les étudiants les plus actifs politiquement demeurent ostracisés. Ils sont qualifiés ouvertement d’« éléments de gauche radicale » et de « pantins des ennemis étrangers » du pays et réprimés pour « atteinte à la sécurité nationale ».

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Quand les faucons au sein de l’administration américaine appellent à un « changement de régime » en Iran, certains mouvements politiques en exil se sentent pousser des ailes. Les voix ­critiques à l’intérieur du pays préfèrent prendre leurs distances. « En nous opposant à des nouvelles mesures de rétorsion de la police des mœurs dans l’université, explique Amin, nous prenons garde de dénoncer en même temps des gens comme Massih Alinejad », une militante résidant aux Etats-Unis, qui anime, via Internet, un mouvement de lutte contre le port obligatoire du voile. « Peut-être que nous avons une cause commune, la levée de l’obligation du voile, mais mille choses nous séparent. Nous voulons marquer la frontière entre elle et nous », ajoute-t-il.

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