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Les manifestants dénoncent les pressions et les arrestations par les forces de l’ordre, qui ont reconquis les principaux ponts autour de la place de Bagdad.
Au sommet du « restaurant turc », l’immeuble emblématique de la contestation contre le pouvoir au centre de Bagdad, l’homme au drapeau tient sans faiblir sa position en surplomb de la place Tahrir. D’un mouvement ample, il fait virevolter une bannière à l’effigie de l’imam chiite Hussein, petit-fils de Mahomet et figure centrale du chiisme. Derrière lui, sur le toit, comme à chaque étage, le nombre de jeunes Irakiens qui campent face à la zone verte s’est réduit.
« Dimanche soir, les forces de sécurité nous ont envoyé des bombes assourdissantes, beaucoup de jeunes ont eu peur et sont partis, explique Qarar, un ouvrier de 26 ans. Leurs familles faisaient pression depuis des jours pour qu’ils rentrent. Il y a sans cesse des rumeurs d’attaque et des menaces. On est en colère car beaucoup nous abandonnent, mais, même si Tahrir se vide, on restera ici. »
Aux côtés des slogans révolutionnaires et des photos de « martyrs » sont apparus sur les murs des avis de recherche. Sous la photo d’un adolescent souriant, son nom, un numéro de téléphone et la mention « disparu » sont écrits. Plusieurs manifestants ont, comme lui, disparu mystérieusement. Les autres se disent menacés. « Un homme m’a interpellé en bas de l’immeuble par mon prénom, raconte Djamil. Il m’a dit de l’accompagner à sa voiture pour récupérer une affiche de martyr. Il m’a attrapé par le bras mais je me suis échappé. Il était en civil, mais c’est sûr qu’il était des renseignements. » Hossam, un autre manifestant, a été prévenu par sa famille que des hommes étaient passés chez lui pour qu’il se présente à un interrogatoire. « Si la manifestation se termine, je partirai en Turquie, parce que sinon ils vont m’arrêter ou me tuer », dit-il.
Manifestants harcelés
Après la reprise, samedi, des ponts qui enjambent le Tigre par les forces de sécurité, les manifestants se sont repliés sur la place Tahrir. Ceux qui campent sur le sit-in ont du mal à fermer l’œil, la nuit. Régulièrement, la rumeur d’un assaut imminent circule. « Des gens propagent délibérément ces bruits pour faire partir les manifestants et ça commence à marcher », pense Nour, une soignante. Chaque jour, des manifestants viennent harceler les forces de sécurité face au pont Al-Sinak, au prix de blessés et de morts, fauchés par des grenades lacrymogènes et des tirs à balles réelles. A cette répression, qui a déjà fait plus de 319 morts à Bagdad et dans le sud du pays, selon la Commission irakienne des droits de l’homme, s’ajoute désormais une menace plus sournoise. Arrestations et kidnappings, avertissements et pressions, déciment les rangs de la contestation.
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