En Inde, le suicide comme outil de communication politique

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A l’approche des élections du 11 avril, des candidats multiplient les tentatives de suicide – ratées – pour attirer l’attention des médias.

Par Julien Bouissou Publié aujourd’hui à 01h27

Temps de Lecture 4 min.

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Graffiti dans les rues de Bombay, en Inde, en 2010.
Graffiti dans les rues de Bombay, en Inde, en 2010. INDRANIL MUKHERJEE / AFP

LETTRE DE NEW DELHI

La tentative de suicide peut être un bon moyen de réussir dans la politique indienne. Elle permet d’attirer l’attention des médias dans un pays où la compétition politique est rude, mais aussi de clamer son innocence ou de passer pour un martyre. L’exercice est risqué, cela va sans dire, et requiert un vrai savoir faire puisque le candidat doit montrer de la sincérité dans sa démarche, tout en restant vivant s’il veut être élu ou en tirer un quelconque bénéfice.

A l’approche des élections, qui démarrent le 11 avril en Inde, les tentatives de suicide, plus ou moins sincères, se multiplient. Un militant du parti xénophobe du Shiv Sena s’est par exemple aspergé d’essence, mais sans y avoir mis le feu car il avait oublié ses allumettes. Il voulait protester contre la décision de son parti de ne pas introniser le candidat de son choix qui avait tout de même frappé, quelques mois auparavant, une hôtesse de l’air à coup de sandales. Les journaux du pays y ont consacré un petit article.

Un candidat d’un autre parti a lui aussi tenté de s’immoler pendant que la police cherchait chez lui des sommes importantes en espèces non déclarées. Les policiers ont dû arrêter leurs recherches et l’emmener à l’hôpital. Les journaux ont titré sur l’immolation du candidat plutôt que sur la descente de la police.

Cinq tentatives de suicide

Mais celui qui a fait de la tentative de suicide sa marque de fabrique, au point de se donner comme devise personnelle « la nation en premier, les citoyens ensuite, et soi-même en dernier », est un habitant de Bénarès, qui ne pouvait compter sur aucun réseau ni dynastie familiale pour entrer en politique. En quelques années, Arun Pathak s’est coupé les veines, a avalé du Valium, s’est immolé, et s’est jeté dans le Gange, une pierre attachée à la jambe.

Ses soutiens, toujours présents à ses côtés, ont plongé dans le fleuve sacré pour le repêcher et l’ont conduit à l’hôpital de nombreuses fois. Il a effectué en tout cinq tentatives de suicide et non pas quatre, puisque, à peine réveillé sur son lit d’hôpital après avoir ingurgité des cachets de valium, il en a avalé aussitôt une autre tablette.

Lors d’une interview accordée au magazine indien Open, en 2009, il justifiait ses sacrifices au nom du « bien de la nation », ajoutant que cette stratégie était tout de même le meilleur moyen de se faire écouter et de voir ses revendications aboutir. Il avait vite compris que chaque tentative de suicide attirait bien plus de journalistes que les traditionnelles conférences de presse.

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