En Inde, le sort des hijras, « prisonnières d’un corps inadéquat »

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Les hijras, nés hommes, devenues femmes, forment une communauté ancienne, marginalisée et stigmatisée malgré la reconnaissance officielle par la Cour suprême indienne d’un « troisième sexe ». Le VIH y fait des ravages.

Par Publié le 18 septembre 2019 à 00h16

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LETTRE DE NEW DELHI

Deux hijras, nées dans un corps d’homme mais à l’âme féminine, à Bangalore, au sud de l’Inde.
Deux hijras, nées dans un corps d’homme mais à l’âme féminine, à Bangalore, au sud de l’Inde. CC BY-NC-SA 2.0

Rendez-vous était donné à un carrefour du nord de New Delhi. Un capharnaüm inextricable, de camions, voitures, scooters, rickshaws, où le piéton joue à chaque instant son destin.

Samira, de son pas chaloupé a franchi la mêlée sans hésitation pour emprunter un entrelacs de ruelles poussiéreuses, sous le regard inquisiteur ou hypnotisé des passants. Quelques centaines de mètres plus haut, elle s’est engouffrée dans un étroit passage.

Au rez-de-chaussée d’un immeuble, assises en tailleur l’attendaient ses amies, apprêtées, maquillées, drapées dans des saris colorés. Samira, Piya, Karina, Morni sont des hijras, nés garçons, devenues filles. Une communauté très ancienne en Inde, transgressive, tantôt respectée, tantôt redoutée et méprisée. Alors qu’elles furent un temps les gardiennes des harems, elles furent classées comme « une tribu criminelle » par les Britanniques en 1871.

Parcours de souffrances

Les hijras, censées assurer la fertilité du couple, officient contre rémunération dans les mariages et les baptêmes, sont convoitées pour leur danse, mais restent le plus souvent des parias qui se livrent à la prostitution ou à la mendicité pour survivre.

En avril 2014, la Cour suprême indienne a officiellement reconnu l’existence d’un « troisième sexe » ou troisième genre, ni masculin ni féminin, au profit d’une population transgenre estimée entre un demi-million et un million de personnes, dont les hijras. Les magistrats avaient souligné dans leur jugement « la faillite morale de la société » qui les stigmatise et les traite comme « des intouchables », et avaient enjoint au gouvernement d’agir pour briser leur stigmatisation. Dans les faits, peu de choses ont changé depuis.

Lire aussi L’Inde reconnaît l’existence d’un troisième genre

D’une voix rauque et cassée, Samira, 21 ans, raconte son parcours de souffrances. Elle a découvert à 10 ans, son désir de vivre comme une fille, s’en est ouvert à son père qui l’a rassurée. « Ça va passer, ne t’inquiète pas ! » A l’école, le garçon, efféminé, est la risée de ses camarades. Au collège, alors qu’il espère suivre une formation de dentiste, les brimades pleuvent. Il quitte brutalement Calcutta et sa famille, pour gagner New Delhi.

Un stage à l’hôpital au service de radiologie, où les collègues ne sont pas mieux disposés, pousse le jeune homme à rejoindre une communauté d’hijras, placée sous la protection d’une gourou. A la fois père et mère, la gourou partage sa maison avec sept hijras et fait autorité sur une communauté d’une trentaine de disciples (chelas), collecte l’argent et fixe les règles de la maison.

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