En Inde, « le confinement a été une tragédie humanitaire pour les migrants de l’intérieur »

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Sur un quai de la gare de New Jalpaiguri, dans les faubourgs de Siliguri, un voyageur attend, assis dans une marque circulaire permettant de respecter la distanciation physique, le 13 mai.
Sur un quai de la gare de New Jalpaiguri, dans les faubourgs de Siliguri, un voyageur attend, assis dans une marque circulaire permettant de respecter la distanciation physique, le 13 mai. DIPTENDU DUTTA / AFP

Comment l’Inde, qui compte de plus de 1 milliard d’habitants, a-t-elle organisé son confinement ? Comment la population a-t-elle réagi à la crise sanitaire ? Lors de notre direct quotidien, Sophie Landrin, correspondante du Monde à New Delhi, a répondu à vos questions.

Paul : Comment expliquez-vous le faible nombre de morts en Inde ? Est-ce réel ou dû au manque de statistiques fiables pour ce pays très peuplé ?

Sophie Landrin : Tous les experts sont d’accord pour dire que les chiffres sont sous-estimés, notamment dans les zones rurales très éloignées de tout centre de soins. Chaque année, même lorsqu’il n’y a pas d’épidémie, la moitié des morts ne sont pas enregistrées.

Mais il est certain que l’épidémie reste contenue : 74 000 cas, 2 400 morts. C’est très peu rapporté à la taille de la population – 1,3 milliard d’habitants – et si l’on compare la situation indienne à celles de l’Europe ou des Etats-Unis. La jeunesse de la population peut être une explication, 46 % des Indiens ont moins de 25 ans. Par ailleurs, le confinement, qui est intervenu très tôt, lorsque le pays ne comptait que sept morts et 415 cas, a considérablement freiné l’épidémie.

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Harry Long : Est-il vraiment possible de confiner un pays avec autant d’habitants ? Est-ce que le confinement a vraiment eu lieu ou était-ce plus une annonce de communication du pouvoir ?

Le confinement a été bien respecté. La capitale, New Delhi, qui compte plus de 20 millions d’habitants, était complètement déserte. Quand les Indiens devaient sortir pour faire des courses de première nécessité, ils portaient tous des masques ou des foulards. L’activité s’est totalement interrompue : usines, chantiers, transports, commerces, etc.

Mais ce confinement très strict a fait immédiatement des victimes : les travailleurs migrants, privés de moyens de subsistance et coincés dans les villes, dans l’incapacité de rejoindre leur village d’origine et leur famille. Le confinement a été une tragédie humanitaire pour les migrants de l’intérieur.

Pierre : La crise sanitaire ne risque-t-elle pas d’exacerber les tensions à l’encontre des minorités, notamment des musulmans, déjà mises à mal par le gouvernement Modi ?

Oui, c’est déjà le cas. Dès le début de l’épidémie, un cluster à New Delhi, découvert à l’issue d’une réunion d’une congrégation religieuse, le Tablighi Jamaat, dans le quartier de Nizamuddin, a déclenché une vague de réactions contre les musulmans. Ces derniers ont été stigmatisés comme les vecteurs de l’épidémie. Les trolls du parti au pouvoir, le BJP, se sont déchaînés, diffusant « fake news » et fausses vidéos.

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