En Inde, la politique vue des forêts du Jharkhand

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Par Guillaume Delacroix

Les élections générales, actuellement en cours dans le pays, posent de profonds dilemmes aux minorités paysannes, qui cumulent revendications identitaires, difficultés financières et accès toujours compliqué à l’électricité et à l’eau.

L’une des grandes qualités du margousier est d’offrir, sous son ample canopée au feuillage persistant, un ombrage dense. En Inde, où il est appelé neem et où la médecine traditionnelle lui prête de multiples vertus, l’arbre trône souvent au centre du village. A Remta, hameau de 350 habitants du Jharkhand, un Etat forestier perdu entre Bénarès et Calcutta, à l’est du pays, il se dresse à l’avant-poste des habitations en terre crue. Jeudi 25 avril, une vingtaine d’hommes se retrouvent dans la fraîcheur de l’aube au pied de son tronc épais pour débattre, comme chaque semaine, des problèmes du quotidien.

Ce matin-là, il est question de la voie ferrée qu’Indian Railways projette de construire entre Kandra et Ranchi, la capitale du Jharkhand. « Le tracé passe en plein milieu de nos maisons et de nos champs, il faut absolument le faire dévier », lance un paysan en mâchouillant la branche de neem qui lui sert de brosse à dents. Chemise brune et longhi bleu, Jaishri Singh Munda fait visiblement autorité au milieu de ses voisins. Il a hérité de son père le titre de chef du gram sabha, le conseil municipal instauré dans les années 1960 dans tout le sous-continent, mais qui est surtout actif, sous sa forme tribale, dans les régions à fortes revendications identitaires.

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Tous les adultes inscrits sur les listes électorales en sont membres de droit, hommes et femmes. Et, à la différence des panchayats, les communautés de communes, nul besoin d’être élu pour en faire partie. D’ordinaire, l’accès aux réunions du jeudi est strictement interdit à tout « outsider », entendre par là tout représentant du gouvernement et a fortiori tout étranger, mais, aujourd’hui, la présence d’un journaliste français est exceptionnellement tolérée.

Défiance vis-à-vis de Delhi

Accroupi sur ses tongs en plastique, Lago Munda acquiesce aux propos du leader. Il y a deux ans, la maison qu’il venait tout juste de bâtir a été rasée par les bulldozers du gouvernement, venus construire un ruban de bitume flambant neuf. Il a eu droit, pour toute indemnité, à 10 000 roupies (128 euros).

Officiellement, la politique nationale n’est pas à l’ordre du jour de cette assemblée mais, comme les législatives battent actuellement leur plein dans le pays – avec près de 900 millions d’électeurs, l’Inde élit durant un mois ses députés fédéraux, qui désigneront ensuite le chef du gouvernement –, le bilan de l’actuel premier ministre, Narendra Modi, du Parti du peuple indien (BJP, nationaliste hindou), est dans toutes les têtes.

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