« En France, la campagne des européennes aura servi, comme à chaque fois, à fantasmer l’Europe »

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Pour mobiliser les électeurs, les partis se comportent comme si le scrutin du 26 mai était un référendum. Or, pointe l’éditorialiste du « Monde » Françoise Fressoz dans sa chronique, hormis l’émiettement, il ne se passera probablement rien de très lisible au lendemain du vote.

Publié aujourd’hui à 02h31 Temps de Lecture 4 min.

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AGATHE DAHYOT / LE MONDE

L’urgence est décrétée. Il reste une dizaine de jours à peine aux 34 listes qui concourent au scrutin européen du 26 mai pour conjurer l’abstention qui, aux dires des sondages, risque d’être un des éléments marquants de la cuvée 2019. Dans les estimations, son taux oscille entre 58 % et 62 %, reflétant le manque d’appétit des électeurs pour cette élection qui, depuis le tournant des années 2000, souffre d’une démobilisation croissante. Les raisons semblent évidentes : l’Europe est à la peine et le fonctionnement de son Parlement, qui compte 751 élus, paraît si éloigné de ce que les Français appréhendent à travers leur Ve République que tous les candidats ont renoncé à le leur expliquer.

Hormis les cas où le vote d’une directive jugée contraire aux intérêts français vient mettre le feu aux poudres, personne ne sait vraiment à quoi sert cette assemblée. Le processus de codécision entre le Parlement et le Conseil de l’Union européenne reste mal connu, les pouvoirs exacts du Parlement qui élit pour cinq ans le président de la Commission, sur proposition du Conseil européen, sont mal cernés, et il ne faut guère compter sur cette campagne pour espérer faire progresser la pédagogie.

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Pour tenter de réveiller leurs électeurs, les partis abusent du registre passionnel : rejet (PCF), envie (Place publique – PS), espoir (Génération.s), renaissance (La République en marche et ses alliés), appel au peuple (le Rassemblement national et La France insoumise). Tous se comportent comme si le scrutin du 26 mai était un référendum qui, d’un coup de baguette magique, allait changer le cours de l’Europe, selon les seuls desiderata de la liste arrivée en tête dans l’Hexagone.

Propositions faites pour frapper

Les propositions reflètent cette inclinaison. Elles sont faites pour frapper : 1 000 milliards d’euros pour la transition écologique, annonce par exemple la liste macroniste, tandis que les Républicains promettent d’établir un double système de frontières (nationales et européennes). Au concours Lépine des suggestions les plus radicales, les lepénistes assurent qu’ils supprimeront la Commission européenne, les Insoumis qu’ils sortiront des traités européens. Soit, mais selon quelle procédure et avec quels alliés ?

La politique par la preuve ne fait à l’évidence pas partie du logiciel des candidats. On les comprend. Les Français n’ont pas la réputation d’avoir beaucoup investi le Parlement européen ni d’y être les plus efficaces. Ils y sont moins nombreux que les Allemands (79 contre 96), font jouer le turnover beaucoup plus fréquemment que leur voisin (avec cette année un taux de renouvellement de l’ordre de 70 %). Et pour couronner le tout, ils ont tendance à se disperser au risque de se marginaliser à l’intérieur des deux grands groupes actuels : le Parti populaire européen (droite) et l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (gauche).

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