En Colombie, le long bras de fer entre les Indiens et le gouvernement

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Entre 15 000 et 20 000 membres des communautés indigènes ont bloqué pendant plusieurs jours la route panaméricaine, réclamant une reconnaissance de leurs droits.

Par Marie Delcas Publié aujourd’hui à 06h06, mis à jour à 06h22

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Entre les villes de Cali et de Popayan, en Colombie, le 24 mars.
Entre les villes de Cali et de Popayan, en Colombie, le 24 mars. LUIS ROBAYO / AFP

Samedi 6 avril, les bulldozers sont entrés en action pour déblayer la route panaméricaine bloquée depuis vingt-sept jours entre les villes de Cali et de Popayan, dans le sud-ouest de la Colombie. La veille, les envoyés de Bogota et les représentants des communautés indiennes du département du Cauca étaient arrivés à un accord dans le hameau de Mondomo. Aux abords de la voie, les Indiens ont commencé à emballer leurs casseroles et à démonter les bâches en plastique qui leur ont servi de tentes pendant plus de trois semaines.

« Si le président Ivan Duque ne tient pas ses promesses, on reviendra », avertit Jeson, un jeune de la communauté Nasa. Deux jours plus tôt, assis sur un des troncs qui barraient la route, il affirmait être décidé à rester là « jusqu’à Noël si besoin est ». Jamais depuis vingt ans, les Indiens n’avaient aussi longtemps bloqué la voie. Au total, entre 15 000 et 20 000 Indiens se sont mobilisés pour cette « minga ».

« La minga est un mot d’origine quechua, explique Rosalba Velasco, représentante du Conseil régional indien du Cauca (CRIC). C’est le moment, l’espace collectif où la communauté indienne se réunit pour faire quelque chose ensemble. » Une minga peut être organisée pour la récolte du maïs, pour réparer l’école du village ou pour bloquer la Panaméricaine. « Si on ne fout pas le désordre, personne ne nous écoute », expliquait une vieille dame, en remuant la soupe communautaire dans une gigantesque marmite de fonte. Elle était là « pour défendre les droits des Indiens », sans plus de précisions.

Quelque 250 millions de dollars

Le 21 mars, huit Indiens sont morts dans une explosion. Le gouvernement affirme que les victimes manipulaient des explosifs, les Indiens évoquent, eux, un attentat. Un autre Indien et un policier ont été tués pendant les affrontements. « La lutte des peuples originaires dure depuis cinq siècles, rappelle le sénateur indien Feliciano Valencia. Les terres que nous avons conservées ou récupérées, les droits qui nous sont aujourd’hui reconnus, nous les avons arrachées de haute lutte. »

Des Indiens occupent la route panaméricaine à Mondomo, le 14 mars.
Des Indiens occupent la route panaméricaine à Mondomo, le 14 mars. LUIS ROBAYO / AFP

En se félicitant de l’accord « raisonnable et réaliste » obtenu, le président Ivan Duque a indiqué que son gouvernement destinerait quelque 250 millions de dollars (220 millions d’euros) à leurs territoires (soit « 17,5 % de ce qu’ils demandaient », a-t-il précisé) pour améliorer conditions de logement, centres de santé, infrastructures routières… M. Duque a également promis « des mesures pour réparer les dommages économiques » causés par le mouvement protestataire. Transporteurs, commerçants et entrepreneurs de la région évaluent en millions de dollars leurs pertes.

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