« En Chine, n’importe qui peut se faire arrêter »

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Elle lutte d’ordinaire pour les droits des femmes mais, dans la Chine répressive d’aujourd’hui, c’est un autre combat que doit mener Zheng Churan : son mari a été arrêté pour avoir pris la défense d’ouvriers malades.

Par Frédéric Lemaître Publié aujourd’hui à 17h54

Temps de Lecture 4 min.

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Les portraits de Li Tingting, Wei Tingting, Wang Man, Wu Rongrong et Zheng Churan (dernier portrait à droite), en 2015.
Les portraits de Li Tingting, Wei Tingting, Wang Man, Wu Rongrong et Zheng Churan (dernier portrait à droite), en 2015. REUTERS/TYRONE SIU

Militante féministe, Zheng Churan se bat depuis depuis quelques jours pour une toute autre cause : la libération de son mari. Marxiste, Wei Zhili a été arrêté le 20 mars pour « troubles à l’ordre public ». La faute de ce trentenaire diplômé en journalisme ? Faire partie de la petite équipe du site New Generation, qui tente de défendre les salariés ayant contracté des maladies pulmonaires dans la poussière des usines de Shenzhen, dans le sud-est de la Chine, et estime que ces derniers doivent être indemnisés. Le rédacteur en chef du site, Yang Zhengjun, a été arrêté en janvier et un troisième, Ke Chengbing, a subi le même sort, également le 20 mars.

Zheng Churan n’a pas la tâche facile. « Il y a tellement de militants des droits des travailleurs arrêtés ces derniers temps que même les journaux occidentaux ne s’y intéressent plus », constate cette femme de 29 ans, attablée à la terrasse d’un café de Canton, un triste sourire aux lèvres. Et diffuser l’information sur les réseaux sociaux s’avère tout aussi compliqué. Son compte sur WeChat, premier réseau social chinois, a été bloqué et le nouveau qu’elle a créé ne lui permet pas de participer à des discussions de groupe. « On a de moins en moins la possibilité de s’exprimer », dénonce-t-elle, en jetant un œil inquiet sur ses deux téléphones portables.

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Dans une Chine où marxistes et féministes s’envoient souvent des noms d’oiseaux – les premiers qualifiant les seconds de petits bourgeois qui minorent la lutte des classes – Zheng Churan et Wei Zhili forment un couple insolite dans le petit monde des militants politiques. Refusant de se projeter vers l’avenir – « en Chine, c’est impossible » – Zheng Churan a au moins la satisfaction d’avoir, depuis 2015, redonné un nouveau souffle au féminisme chinois et de vivre selon ses convictions. Tout comme son mari.

« Dix jours avant son arrestation, je lui ai demandé s’il avait peur. Il m’a dit : oui, bien sûr mais que puis-je faire ? Je sais qu’il ne regrette rien. J’aimerais aussi qu’il se protège mais je sais que ce n’est pas lui qui décide de son destin. En Chine, n’importe qui peut se faire arrêter. »

Elle-même fait l’objet de violentes attaques. « Prostituée », « traître à la patrie », « pro-indépendantiste du Tibet, de Hongkong et de Taïwan »… Zheng Churan – qui ne s’exprime jamais en public sur ces sujets – est à ce point diffamée sur les réseaux sociaux qu’elle a attaqué en justice le groupe de communication New media Company, qui diffuse ces insultes. Un groupe officiellement privé mais qui serait lié, selon elle, à la Ligue de la jeunesse communiste.

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