En Chine, l’anniversaire encombrant du 4 mai 1919

0
149

[ad_1]

Xi Jinping s’efforce de célébrer les 100 ans du mouvement anti-impérialiste, cher au Parti communiste, sans réveiller la contestation de Tiananmen au printemps 1989.

Par Frédéric Lemaître Publié aujourd’hui à 10h40

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Au Palais du peuple, lors de la commémoration des 100 ans du mouvement du 4 mai 1919, le 30 avril à Pékin.
Au Palais du peuple, lors de la commémoration des 100 ans du mouvement du 4 mai 1919, le 30 avril à Pékin. Ng Han Guan / AP

La scène est saisissante. Dans l’immense Palais du peuple qui donne sur la place Tiananmen, Xi Jinping fait la leçon à des milliers de jeunes communistes. En ce mardi 30 avril, le président chinois, également secrétaire général du parti communiste chinois (PCC), est entouré des principaux dirigeants du pays, mais comme la caméra ne le filme qu’en gros plan, on l’imagine seul. Face à lui, d’innombrables jeunes gens – tous ont moins de 28 ans – assis, impeccablement alignés.

On distingue surtout quatre carrés d’environ 120 personnes, vêtues d’uniformes bleus, blancs, roses et mauves, ainsi qu’un cinquième carré composé de militaires. Devant eux, d’autres jeunes, scientifiques, fonctionnaires ou ouvriers, portent des écussons ou des médailles. La caméra s’attarde sur une jeune fille, toute de rose et de blanc vêtue, mais à qui il manque un bras. Sur sa poitrine, la médaille du « travailleur modèle ». Alors qu’il est difficile, dans la vraie vie, de rencontrer un jeune Chinois sans son téléphone portable, ces milliers de jeunes gens couchent sagement sur le papier la leçon du professeur Xi, équipés du même stylo blanc et du même bloc-notes.

Le 4 mai 1919, 3 000 étudiants manifestaient dans Pékin contre le traité de Versailles

Même s’il n’a évidemment rien à craindre d’un tel auditoire trié sur le volet, le numéro un chinois n’a pas forcément la tâche facile. En ce 30 avril, cet homme qui a fait de la stabilité du pays une vertu cardinale doit en effet rendre hommage à des jeunes contestataires : les initiateurs du mouvement du 4 mai 1919. Ce jour-là, 3 000 étudiants manifestaient dans Pékin contre le traité de Versailles, qui attribue au Japon et non à la Chine une partie de la province du Shandong détenue jusque-là par l’Allemagne. Pourtant, en 1917, la Chine s’était rangée aux côtés des alliés.

Introduire « Mesdames Science et Démocratie »

Anti-impérialiste, ce mouvement du 4 mai est également éminemment progressiste. Les nouveaux intellectuels dont font partie les futurs fondateurs du PCC souhaitent mettre « à bas la boutique Confucius ». Ils rêvent d’émanciper le pays et d’y introduire « Madame Science et Madame Démocratie » en s’inspirant des Lumières occidentales.

Pour nombre d’historiens et d’intellectuels, 1919 fut une année décisive dans l’histoire chinoise. Soixante-dix plus tard, au printemps 1989, des milliers d’étudiants, assoiffés de démocratie, se référeront d’ailleurs à leurs aînés, avant d’être sauvagement réprimés dans la nuit du 3 au 4 juin, sur cette même place Tiananmen.

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: