En Bolivie, le ministre de la santé limogé après 42 jours en poste

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L’ex-ministre bolivien de la santé, Marcelo Navajas (à droite) et le ministre d’Etat  Arturo Murillo (à gauche)  lors de la remise de 15 respirateurs dans un hôpital de Santa Cruz (Bolivie), le 19 mai.
L’ex-ministre bolivien de la santé, Marcelo Navajas (à droite) et le ministre d’Etat  Arturo Murillo (à gauche)  lors de la remise de 15 respirateurs dans un hôpital de Santa Cruz (Bolivie), le 19 mai. – / AFP

Le désormais ex-ministre de la santé, Marcelo Navajas, sera resté en poste seulement quarante-deux jours depuis sa prise de fonction en avril. Assez pour provoquer un scandale au sein du gouvernement bolivien.

Arrêté mercredi 20 mai et conduit dans les locaux des Forces spéciales de lutte contre le crime de La Paz, il a été démis de ses fonctions quelques heures plus tard par la présidente intérim Jeanine Añez. Il est soupçonné d’avoir acheté 170 respirateurs artificiels à une entreprise espagnole, pour un surcoût de 3,4 millions de dollars. Le matériel était en plus inadapté aux unités soins intensifs pour lequel il était destiné.

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L’affaire couvait depuis plusieurs jours. Le week-end des 16 et 17 mai, des médecins avaient dénoncé la livraison de matériel non approprié aux services de réanimation alors que leur distribution débutait à travers le pays. Ils ont eu la surprise de découvrir un équipement basique prévu pour les soins intermédiaires. La presse avait ensuite emboîté le pas en début de semaine révélant une possible surfacturation du matériel. Ces révélations avaient poussé la chef d’Etat à déclarer dès mardi l’ouverture d’une enquête pour présumés faits de corruption.

Les respirateurs en question avaient été achetés en urgence début mai au fabricant espagnol GPA Innova par le biais d’intermédiaires, à un prix de 28 080 dollars l’unité alors que ce type matériel coûte en réalité entre 6 540 et 8 000 dollars, selon le catalogue du fabricant. Une différence exorbitante de 20 000 dollars par respirateurs. Pour cette opération, l’Etat bolivien devait débourser la somme totale de 4,7 millions de dollars, financés par la Banque interaméricaine de développement. Seule la moitié de la somme a été payée, l’autre moitié restante a été immédiatement gelée. Mercredi, la présidente Añez a déclaré sur Twitter avoir ordonné « que pas un centime de plus ne soit versé » pour ces équipements médicaux.

Gouvernement un peu plus fragilisé

L’enquête ouverte par le parquet bolivien devra établir à quel échelon le surcoût a été opéré alors que plusieurs intermédiaires ont pris part à l’opération, parmi eux, une autre compagnie espagnole, IME Consulting, qui affirme qu’elle allait percevoir seulement 20 % des 4,7 millions de dollars.

Quatre autres personnes ont été arrêtées mercredi. Toutes désignent l’ex-ministre de la santé comme le principal responsable de ce contrat d’achat. Le ministre de la justice a demandé sa détention préventive afin d’éviter toute entrave à l’enquête.

Médecin chirurgien de 61 ans, Marcelo Navajas avait suivi une spécialisation en pneumologie à Paris dans les années 1980. Il avait pris la tête du ministère de la santé en pleine crise sanitaire après la démission, le 8 avril, de son prédécesseur, Anibal Cruz pour « raisons personnelles ». Il est son tour remplacé par Eidy Roca, la vice-ministre de la santé, troisième ministre de la santé depuis la proclamation du gouvernement transitoire de Mme Añez, le 12 novembre 2019.

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Le scandale fragilise un peu plus le gouvernement de Jeanine Anez, déjà ébranlé par les critiques pour sa gestion de la crise, ses adversaires dénonçant son autoritarisme. Deux décrets limitant la liberté d’expression ont dû être retirés le 15 mai apres avoir généré une vive polémique dans le pays. Les partisans du MAS (parti de l’ancien président Evo Morales en exil en Argentine) l’accusent également de profiter de l’épidémie pour se maintenir au pouvoir alors même que sa candidature est contestée.

Les élections générales, qui devaient initialement se tenir le 3 mai, ont été reportées sine die pour cause de coronavirus. La Bolivie a enregistré plus de 5 000 cas de Covid-19 et 215 décès, selon le dernier bilan officiel. Le pays est toujours en confinement, instauré le 17 mars, et les frontières sont fermées au moins jusqu’à la fin du mois.

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Au milieu de la tempête, Jeanine Añez souhaite montrer qu’elle reste maîtresse à bord et arbore la plus grande fermeté dans la condamnation de ces agissements, particulièrement malvenus pour son gouvernement de transition qui n’a de cesse de dénoncer la présumée corruption de l’ancienne administration Morales, poursuivant sans relâche les anciens fonctionnaires. Elle a ainsi assuré vouloir faire toute la lumière sur l’achat des respirateurs et « demande la prison et toute la sévérité de la loi contre ceux qui auraient touché le moindre peso ». Avant d’ajouter jeudi dans un message à la nation, d’une voix martiale, « ma main ne tremblera pas face aux corrompus ».

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