En Bolivie, Evo Morales s’aliène les producteurs de coca

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La régulation de la culture met en difficulté le président bolivien à l’approche de la présidentielle d’octobre

Par Publié aujourd’hui à 10h42

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Au marché légal de la coca, à La Paz, le 5 août.
Au marché légal de la coca, à La Paz, le 5 août. DAVID MERCADO / REUTERS

A flanc de colline, Don Emilio marche entre ses plants de coca pelés. Toutes les feuilles ont été délicatement cueillies il y a deux semaines. Sur certains plants, les pluies des jours précédents ont fait éclore de petits bourgeons, prêts à donner une nouvelle récolte dans quelques mois. Don Emilio fait pousser la coca avec sa femme, Doña Sonia, dans ces vallées chaudes et fertiles du nord du pays. Elle assure « être née dans un champ de coca ». En Bolivie, la feuille est utilisée traditionnellement pour le masticage, l’acullicu, pour des usages médicinaux et au cours de rituels andins. Elle est consommée par plus de trois millions de Boliviens.

« Nous avons un petit terrain, raconte Don Emilio. Ici, on cultive sur de petites parcelles. » Nous sommes dans la région des Yungas, dans le département de La Paz, à quelques heures de la capitale. Une zone où l’on cultive la coca depuis l’époque préhispanique, en opposition à celle du Chapare, au centre, plus récente, colonisée au cours du XXe siècle et dont est originaire le président Evo Morales. Lui-même ancien producteur de coca, il est toujours président de la Fédération des cocaleros du tropique de Cochabamba, région considérée comme un bastion de son Mouvement pour le socialisme (MAS).

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Alliés naturels, les cultivateurs de coca ont, avec d’autres mouvements sociaux (mineurs, ouvriers, fédérations indigènes, étudiants…), porté Evo Morales au pouvoir en 2006 et ont été ses fervents alliés durant ses premiers mandats. Mais les rivalités entre les deux régions se sont exacerbées ces dernières années. Et le soutien à Evo Morales, qui se présente pour un quatrième mandat à la présidentielle prévue le 20 octobre, n’est plus si évident.

« On se sent persécutés »

Si la production est légale, elle est néanmoins réglementée. En 2017, une nouvelle loi générale de la coca, la loi 906, est approuvée au milieu de fortes contestations. Le texte augmente la surface légale de production de 12 000 à 22 000 hectares dans tout le pays et reconnaît la zone du Chapare comme zone de production légale – un privilège auparavant détenu par les producteurs des Yungas. Désormais, le Chapare peut produire sur 7 700 hectares, les Yungas sur 14 300. Au-delà, toute production est considérée comme illégale et suspectée d’alimenter le trafic de drogue.

Une concurrence insupportable selon les producteurs des Yungas. « Ici, on récolte environ trois taquis [l’équivalent de 150 livres, ou 68 kilos] sur nos terrains. Dans le Chapare, c’est huit à dix taquis. La feuille de coca du Chapare est très grande, les terres y sont très fertiles. Le Chapare va produire trois fois plus que les Yungas. Ces volumes vont nous asphyxier et les prix vont chuter », prédit Javier Aparicio, dirigeant du principal syndicat des producteurs des Yungas, l’Adepcoca, qui rassemble 38 000 associés dans la région. Ils opposent leur coca, « douce, meilleure pour la consommation », à celle du Chapare, supposément plus amère et « destinée au narcotrafic », selon eux.

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